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STEDINGER LES

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On appelait Stedinger un peuple médiéval de paysans, de bergers et de pêcheurs quelque peu pirates qui avaient défriché et colonisé sur le Bas-Weser des terres conquises sur la mer et les débordements du fleuve. Gouvernés par des juges de leur choix appliquant leurs lois particulières, ils éveillent, dès le xie siècle, l'hostilité des évêques de Brême, auxquels ils refusent de payer la dîme. Le chroniqueur Adam de Brême leur reproche de s'adonner à la luxure et à la gloutonnerie, selon les anciennes traditions du paganisme. Vers 1187, des troubles éclatent à la suite des prétentions des comtes d'Oldenbourg à étendre leur domination sur les marais et les îles. Deux châteaux qu'ils ont réussi à y implanter sont pris et saccagés, tandis que les Stedinger durcissent leur opposition aux pouvoirs temporels et spirituels, en appellent à la lutte contre la tyrannie féodale et attirent chez eux les réfugiés des contrées voisines. Comme des moines prêchant l'obligation de payer la dîme ont été mis à mort, on prête à Hartwig, archevêque de Brême, l'intention de présenter au pape Célestin III l'insoumission des Stedinger comme un mouvement hérétique. De 1208 à 1217, les insoumis interviennent dans la querelle entre deux archevêques rivaux, assurant la victoire de Gerhardt, qui, jusqu'à sa mort, en 1229, garantit l'indépendance de ses alliés. Gerhardt II, son successeur, reprend la lutte et tente d'imposer des droits de douane sur le commerce du Weser. Avec l'aide de son frère, Hermann de Lippe, et d'autres nobles, une expédition punitive est entreprise en décembre 1229. La bataille livrée à la Noël voit la défaite des féodaux. Hermann est tué. Par dérision, les Stedinger nomment de faux dignitaires : empereur, pape, évêques. En 1230, le synode de Brême condamne pour crime d'hérésie une population à laquelle il est en fait reproché de perpétuer la tradition des vieilles tribus germaniques et de constituer un danger politique. Les accusations de pratiques sacrilèges vont se retrouver dans une bulle de Grégoire IX (1232), qui est plus particulièrement dirigée contre les cathares du Nord, mais qui justifiera une série de croisades contre les Stedinger, les outrances mensongères attribuées aux manichéens, telles que sorcellerie, orgies, crucifixion des prêtres. Une première croisade, payée d'indulgences plénières, échoue. En juin 1233, une deuxième pénètre sur le territoire oriental, resté cependant à l'écart des luttes, et se livre à un massacre général. Lors de l'attaque de la rive gauche, Oldenbourg, chef des croisés, est tué avec deux cents de ses soldats. Une troisième croisade, prêchée par les dominicains en Hollande, Flandre, Brabant, Westphalie et Rhénanie, réunit une puissante armée sous la conduite de Henri de Brabant, Arnauld d'Audenarde, Gilbert de Zottegem et Thierry de Dixmude. Trois cents vassaux de Hollande couvrent l'attaque par mer. Après une résistance opiniâtre, six mille Stedinger sont mis à mort le 27 mai 1234 à la bataille d'Altenesch. En 1236, Grégoire consent à admettre les survivants dans le giron de l'Église, à la condition qu'ils offrent toutes les garanties d'une parfaite obéissance.

— Raoul VANEIGEM

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Raoul VANEIGEM. STEDINGER LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009