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PÂRIS LES

Ils sont quatre frères : Antoine Pâris (1668-1733), Claude Pâris de La Montagne (1670-1745), Joseph Pâris Duverney (1684-1770) et Jean Pâris de Montmartel (1690-1766). Leur père tenait à Moirans, près de Grenoble, une auberge à l'enseigne de La Montagne ; les enfants servaient les clients de l'hôtellerie et pansaient leurs chevaux. Or, Moirans était sur la route des convois de vivres destinés aux armées françaises en Italie. En 1693, pour acheminer rapidement leur marchandise, les munitionnaires de Louis XIV, gens d'affaires qui affermaient le ravitaillement des armées, prirent pour guides, à travers les sentiers montagnards, les frères Pâris. C'est l'origine, véridique mais incroyable, de leur fortune. Les deux aînés partent pour Paris et sont employés dans les bureaux des munitionnaires ; Duverney et Montmartel les y rejoignent après avoir été soldats un court moment ; Antoine, d'abord trésorier des troupes, devient l'intendant général de l'armée de Flandre : il y montre de l'habileté. Il est autant banquier que fournisseur : l'État le paye en billets remboursables à terme alors que les caisses sont vides ; il trouve à emprunter et, avec ses frères, figure de plus en plus parmi les « faiseurs de service » de la fin du règne de Louis XIV. Ils ont d'ailleurs bonne réputation auprès des maréchaux, Villars et Villeroy ; c'est pourquoi ils ne sont pas atteints par la chambre de justice créée, en 1715, pour faire rendre gorge aux financiers. Au contraire, ils prennent à bail les fermes générales et deviennent les conseillers techniques du duc de Noailles, président du conseil des Finances. Adversaires de Law, ils sont exilés, pendant quelques mois, au zénith du « système » en 1720 ; mais cette même année, sous la direction de Duverney, ils liquident les ruines du système et mènent, à la tête de la « commission du visa », une opération destinée à rechercher les bénéfices illicites, épargnant ainsi à l'État le paiement d'une partie des billets émis par la banque de Law. Favoris du cardinal Dubois puis du duc de Bourbon (Premiers ministres de 1722 à 1726) dont ils avaient dissimulé les énormes bénéfices, les Pâris sont alors des hommes politiques : ils provoquent la disgrâce d'un secrétaire d'État à la Guerre, accèdent aux fonctions officielles. Antoine est conseiller d'État, donc officier de la couronne ; Montmartel est garde du Trésor royal, le plus lucratif des emplois financiers. À la chute du duc de Bourbon, les Pâris sont exilés par Fleury ; Duverney est mis à la Bastille, traduit devant le parlement de Paris pour concussion mais relaxé. En 1730, les Pâris rentrent plus que jamais en faveur ; devenus gens du monde, ils savent recevoir leurs amis de la cour et de la ville. Voltaire, qu'ils associent à des opérations fructueuses, fait leur éloge dans son Panégyrique de Louis XV. Ils traitent avec les contrôleurs généraux de puissance à puissance : en 1745, ils provoquent la chute d'Orry. Avec le cardinal de Bernis et le maréchal de Richelieu, ils interviennent dans la politique générale et tracent des plans d'opération militaires. Duverney couronne sa carrière par la fondation de l'École militaire dont il est le premier intendant : c'est la dernière métamorphose du fils de l'hôtelier.

— Olivier COLLOMB

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Pour citer cet article

Olivier COLLOMB. PÂRIS LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • LAW JOHN (1671-1729)

    • Écrit par
    • 2 122 mots
    Cependant, une résistance aux activités de Law s'organisait sous la direction des frères Pâris et Crozat, financiers de la vieille école ; l'« anti-système » revêt bientôt la forme d'une spéculation à la baisse qui menace la Compagnie et la Banque. Certes, Law obtient en janvier 1720 la charge de contrôleur...