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NOËL LÉON (1888-1987)

Né le 28 mars 1888 à Paris, Léon Noël est le fils d'un conseiller d'État. L'influence paternelle est manifeste : après des études de droit qui le conduiront jusqu'au doctorat, Léon Noël est reçu à son tour au Conseil d'État en 1912, à vingt-quatre ans. Auditeur en 1913, il deviendra maître des requêtes en 1924. Mais déjà le virus politique l'a saisi et il fréquente les cabinets ministériels. De 1921 à 1924, il occupe le poste de chef adjoint du cabinet de Maurice Colrat de Montrozier, un député de la gauche républicaine démocratique qui occupe différents postes ministériels, dont celui de garde des Sceaux de Poincaré au temps du Bloc national. Lorsque le Cartel des gauches vient au pouvoir, Léon Noël poursuit sa prometteuse carrière dans les antichambres ministérielles. Il se met au service du général Guillaumat, qui fait un bref passage au ministère de la Guerre dans le cabinet Briand.

Jozef Beck - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Jozef Beck

Un homme va particulièrement marquer la carrière de Léon Noël : Pierre Laval. Directeur – officieux – du cabinet du président du Conseil et ministre de l'Intérieur en 1931, il est nommé par Laval directeur de la Sûreté générale. Lorsque ce dernier devient président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, Léon Noël occupe, cette fois très officiellement, les fonctions de directeur de cabinet. Mais, surtout, Laval oriente sa carrière vers la diplomatie. De 1932 à 1935, Léon Noël assiste en Tchécoslovaquie, comme ministre plénipotentiaire, à la montée du nazisme. En 1935, il revient à Paris comme secrétaire général de la présidence du Conseil de son parent et ami Pierre-Étienne Flandin. C'est ce dernier qui l'envoie en Pologne la même année, comme ambassadeur. Ce n'est plus seulement la montée du nazisme qu'il observe de Varsovie, mais le déferlement inéluctable des périls qui conduiront au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Son sens du devoir et de la démocratie l'oblige à accompagner le gouvernement polonais jusqu'au terme de son exil, à Bordeaux.

Ce n'est pas seulement la Pologne qui est déchirée, dépecée, c'est la France qui est envahie, humiliée. À Bordeaux, Léon Noël apprend, le 19 juin 1940, qu'il est nommé à la délégation de l'armistice par Pétain, avec d'autres diplomates comme Maurice Couve de Murville. Il faut aller à Rethondes pour entendre les conditions allemandes et à Rome pour les conditions italiennes, Léon Noël refuse sa signature. Il s'en expliquera plus tard : « J'estimais, écrit-il, qu'une convention d'armistice était essentiellement un acte d'ordre militaire, que j'avais été adjoint à la délégation comme conseiller diplomatique et administratif et que c'était par conséquent à un militaire, en l'espèce le chef de la délégation, qu'il appartenait de prendre la responsabilité des modalités de la convention. » Le 19 juillet, il est nommé délégué général du gouvernement en territoire occupé, mais il démissionne peu après.

Procès de Pétain, 1945 - crédits : Keystone/ Getty Images

Procès de Pétain, 1945

Léon Noël passe le reste de la guerre dans sa propriété de Toucy, dans l'Yonne. Cela n'empêchera pas Vichy de penser à lui. Un projet d'acte constitutionnel en 1943 envisage de le nommer dans le conseil de sept membres comprenant des hommes comme l'amiral Auphan ou le général Weygand. Ce conseil aurait été « chargé d'exercer provisoirement le pouvoir en cas d'empêchement » du chef de l'État. Ce texte, qui n'a bien sûr jamais été appliqué, émanait du maréchal Pétain en personne. Et pourtant, en 1945, au procès Pétain, Léon Noël témoignera contre le maréchal malgré l'espoir entretenu par les avocats du vieil homme. À la Libération, le diplomate se mue en militant. Gaulliste, Léon Noël rallie le Rassemblement du peuple français. Il entre au conseil national du R.P.F. avec Raymond Aron et Paul Claudel. En 1948, il devient président de la[...]

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Christian SAUVAGE. NOËL LÉON (1888-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Jozef Beck - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

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Procès de Pétain, 1945 - crédits : Keystone/ Getty Images

Procès de Pétain, 1945

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