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L'ATELIER D'INGRES, Eugène Emmanuel Amaury-Duval Fiche de lecture

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La doctrine classique rénovée par Ingres

Amaury-Duval parle le premier des « bizarreries » du style d'Ingres, de tout ce qui éloigne ses tableaux, en particulier ceux de sa jeunesse, du métier classique hérité de David. Ingres, volontiers archaïsant, « gothique », « grec » ou « primitif », s'oppose en effet à la stricte doctrine du « beau idéal » défendue par Quatremère de Quincy ; il ne se reconnaît pas non plus dans l'ancien atelier de David que Gros dirige sous la Restauration. Ingres, quand il triomphe au Salon de 1824-1825 avec Le Vœu de Louis XIII (cathédrale de Montauban), est encore soutenu par les romantiques. C'est parce qu'il ne voulait pas s'enrôler dans l'arrière-garde davidienne qu'Amaury-Duval devient élève d'Ingres.

Le nouveau classicisme enseigné par le maître est fondé sur le culte de l'antique et la « vérité de la nature » traduite par le « style ». D'où les déformations anatomiques pratiquées par Ingres – la plus célèbre étant le dos « trop long » de l'odalisque (musée du Louvre) : « Pour exprimer le caractère, une certaine exagération est permise, nécessaire même quelquefois, mais surtout là où il s'agit de dégager et de faire saillir un élément du beau. » Ingres, violoniste, développe une théorie de la « note juste », que l'interprète peut prolonger un peu. Le « beau » selon Ingres est donc fidèle au « vrai » au prix d'une dissemblance volontairement accusée, dans un métier lisse et « parfait », avec la réalité. C'est ce que Baudelaire, chantre de Delacroix, admira chez Ingres « ange du bizarre », et qui distingua toujours à ses yeux le génial « M. Ingres » de la cohorte trop timorée de ses élèves. Amaury-Duval, qui peignit peu, se montra incapable de s'engager dans cette voie, qu'il avait été un des seuls à bien exprimer : « On a dit que M. Ingres était un Grec du temps de Périclès égaré dans le xixe siècle. Cette pensée me paraît plus ingénieuse que juste [...]. Au xve siècle, il eût été peut-être Masaccio ; ce qu'il fut à coup sûr, c'est un révolutionnaire. »

— Adrien GOETZ

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Adrien GOETZ. L'ATELIER D'INGRES, Eugène Emmanuel Amaury-Duval - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

<it>La Petite Baigneuse</it>, J. A. D. Ingres - crédits :  Bridgeman Images

La Petite Baigneuse, J. A. D. Ingres

Autres références

  • ATELIER, art

    • Écrit par
    • 5 946 mots
    • 9 médias
    ...portatif. Quant à l'enseignement, il est abusif et souvent lointain. Le maître ne travaille plus devant ses élèves. Enseignement et création sont séparés. L'un des témoignages les plus vivants de cette atmosphère nous est donné par L'Atelier d'Ingres d' Amaury Duval. Malgré toute la vénération...