Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KOSAKU

Terme qui au Japon désigne un petit cultivateur. Si du point de vue juridique le kosaku est un fermier qui s'acquitte du loyer de sa terre par une redevance fixe, payée en nature, du point de vue social il peut être assimilé à un métayer, car le montant de sa dette a été, à certaines époques, particulièrement élevé. Le kosaku désigne d'une part un rouage du système agraire qui fut en vigueur au Japon pendant toute la période allant du Moyen Âge à la Seconde Guerre mondiale, et d'autre part le mode correspondant de location et de culture des terres agricoles de très petite superficie.

Au temps de la réforme de Taika (645), les paysans avaient reçu leurs terres de l'État et pourvoyaient à leurs besoins en les cultivant ; mais, avec l'effondrement de l'État ancien, des contrastes entre ceux qui possédaient effectivement la terre et les autres commencèrent à se faire jour. En particulier avec les progrès accomplis dans le défrichement des terres au xive et xve siècle, la différence entre les honbyakusho (les vrais paysans) et les mizunomibyakusho (les paysans buveurs d'eau), encore appelés kosatu nin, devint évidente : en échange d'une redevance qu'ils payaient au seigneur féodal, les premiers reçurent un droit de propriété de fait sur les terres qu'ils occupaient et dont ils pouvaient disposer soit pour les cultiver eux-mêmes, soit pour les louer à d'autres ; quant aux kosaku qui ne détenaient pas de terre, ils ne pouvaient pas fournir la redevance et devaient, en échange de la location de la terre aux honbyakusho, leur payer un loyer très élevé. Il arrivait fréquemment que le montant de ce loyer représente jusqu'aux deux tiers de la récolte totale. Ce système agraire n'a pas été aboli lors de la réforme de Meiji : le droit civil a seulement camouflé sous une appellation moderne ces distinctions, en parlant de propriétaires fonciers et de locataires. En réalité, ce fut une simple consolidation de la discrimination sociale qui existait entre le jin.ushi (propriétaire) et le kosaku. Après la guerre sino-japonaise, avec le développement de l'industrie de type capitaliste, ce système prit une ampleur encore plus grande, les propriétaires absentéistes se multiplièrent et les kosaku constituèrent une source abondante de main-d'œuvre très bon marché. Même dans ce système agraire, postérieur à la réforme de l'impôt foncier mise en œuvre en 1873, le montant du loyer de la terre était environ de la moitié de la récolte et toujours payé en nature. C'est après la Première Guerre mondiale que, sous l'influence croissante du mouvement socialiste au Japon, les kosaku commencent à s'organiser et provoquent, en 1918, les « émeutes du riz » pour protester contre la hausse des prix due à l'inflation générale, contre le montant excessif du prix de la terre et contre la domination écrasante des jin.ushi. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le service militaire effectue de lourdes ponctions dans la population paysanne, ce qui provoque l'affaiblissement de ce système agraire de type semi-féodal ; après la défaite, la réforme agraire de 1946-1947 en proclame l'abolition et les kosaku d'antan peuvent enfin accéder à la propriété de leur terre.

— Catherine CADOU

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Catherine CADOU. KOSAKU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi