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JOHNSON KELLY (1910-1990)

Si les satellites de surveillance militaires ont tendance à remplacer désormais les avions de reconnaissance, ces derniers ont largement contribué pour leur part, dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, au maintien de la paix. Parmi ces appareils, les plus performants et les plus célèbres sont sans conteste l'U-2 et le Blackbird (le SR-71). Ces deux avions ont été conçus et réalisés par la société américaine Lockheed, sous la direction de Clarence L. Johnson, plus communément appelé « Kelly » Johnson.

Né à Ishpeming, dans le Michigan, le 27 février 1910, Kelly Johnson disait avoir appris de ses parents, tous deux d'origine suédoise et émigrés aux États-Unis, le respect du travail. Dès l'âge de douze ans, il sut qu'il voulait construire des avions. Il reçut de son père, maçon et charpentier, l'amour et la connaissance des outils.

Kelly Johnson passa une maîtrise en aéronautique à l'université du Michigan, en 1933. Il fit toute sa carrière chez Lockheed, où il débuta comme ingénieur cette même année ; il prit sa retraite quelque quarante-deux années plus tard, alors qu'il était devenu vice-président senior de la compagnie.

C'est en 1943 que lui fut confiée la création d'une division chargée des projets avancés, à Burbank, en Californie. Celle-ci, devenue célèbre sous le nom de « Skunk Works » (du nom du skons, mouffette ou putois d'Amérique, animal réputé pour savoir tenir les curieux à distance), fut chargée des développements militaires les plus secrets.

Le premier appareil qui sortit de ces ateliers fut le XP-80, prototype du P-80, Shooting Star, premier avion de chasse à réaction à avoir été opérationnel dans l'armée de l'air américaine. L'appareil effectua son premier vol en janvier 1944, cent quarante-trois jours ayant suffi à Kelly Johnson et à son équipe pour le réaliser. Le P-80 devait s'illustrer pendant les premières années de la guerre de Corée. Plusieurs versions dérivées furent développées, dont le T-33, ou T-Bird, avion d'entraînement construit à plus de six mille exemplaires, et encore en service quarante années plus tard dans certains pays.

C'est aussi Kelly Johnson qui dessina le premier appareil de combat opérationnel capable de voler à plus de Mach 2 : le F-104, ou Starfighter. Issu de l'expérience acquise par les pilotes pendant la guerre de Corée, cet avion, muni de deux ailes très courtes au profil en « lame de rasoir », fut construit sous licence dans de nombreux pays.

Son allure surprenante pour l'époque, et encore de nos jours, illustre la démarche de son créateur, qui n'hésitait pas à innover pour réaliser un appareil répondant parfaitement aux besoins. Ici, c'est la supériorité aérienne qui était recherchée au détriment de la capacité d'emport et du rayon d'action.

Mais l'avion qui devait faire connaître Kelly Johnson et les Skunk Works au public fut l'appareil espion U-2. C'est au début des années 1950, en pleine guerre froide, que la C.I.A. commanda un avion monoplace d'observation capable de survoler l'Union soviétique à très haute altitude, sans pouvoir être repéré ni attaqué. Volant à plus de 20 000 mètres d'altitude, hors de portée des avions et des missiles soviétiques de l'époque, l'U-2 possède des ailes de très grande envergure – plus de 30 mètres pour la version U-2R, soit à peine moins que l'envergure d'un appareil tel que l'Airbus A-320 –, ce qui lui donne l'aspect d'un grand planeur. Le développement de cet avion, réalisé dans le plus grand secret, prit seulement huit mois. Il entra en service en 1956. Sa mission réelle ne fut révélée au grand public qu'en 1960, lorsqu'un de ces appareils, piloté par Gary Powers, fut abattu par les Soviétiques au-dessus de leur territoire.[...]

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Yves BROCARD. JOHNSON KELLY (1910-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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