Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JUMEAUX (biologie)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par , , et

Anomalies du développement gémellaire

On compte environ deux monstres doubles pour cent mille naissances. Ils correspondent à deux individus soudés entre eux, autrement dit à deux vrais jumeaux imparfaitement séparés.

De ce fait, les monstres doubles sont toujours de même sexe, et unis entre eux de diverses manières. Ainsi, les céphalopages sont soudés par la tête ; les xiphopages sont réunis par le sternum, les ischiopages par la région hypogastrique, et les pygopages par la région fessière. Les « frères siamois » représentent des monstres xiphopages. Les monstres en Y ont en commun la région inférieure et possèdent deux régions supérieures. Inversement, les monstres en λ sont soudés par le haut et demeurent indépendants dans leur partie inférieure. Dans certains cas, on pratique une opération chirurgicale pour séparer les deux individus, mais cette intervention, en général délicate, est à l'origine de la mort de l'un des deux partenaires, voire des deux.

Il est possible de reproduire expérimentalement toutes les formes connues de monstruosités doubles et de montrer ainsi l'évolution de la forme simple à la forme double. Les expériences les plus remarquables sont celles de H. Spemann, qui a réussi à séparer, au moyen d'une ligature, les deux premières cellules d'un œuf de triton. H. Lutz a obtenu artificiellement des jumeaux par fissuration mécanique du disque embryonnaire de poulet ; grâce aux différentes sections qu'il a réalisées dans le blastoderme, il a pu favoriser le développement de plusieurs embryons normaux. Si les sections sont faites de manière incomplète, les embryons demeurent partiellement soudés, et il se forme alors des monstres doubles. La nature de la section conditionne l'apparition de telle ou telle monstruosité ; il est donc possible par cette technique d'obtenir à volonté des monstres doubles.

Il est particulièrement remarquable de constater que l'on part d'un zygote normal ne comportant aucune trace de fissuration, et que l'on arrive à un zygote fissuré, donc capable de donner deux individus identiques et normaux. Mais, pour aller de l'un à l'autre, on passe par des formes multiples de monstres représentant autant d'anomalies.

Monstres doubles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Monstres doubles

La figure représente quatre stades différents au cours desquels la fissuration de l'œuf devient de plus en plus importante. Le premier stade affecte seulement la région postérieure du germe ; il naîtra un individu comportant une tête, un tronc, quatre bras et quatre jambes. Il y a soudure de la partie supérieure du corps et dédoublement de la partie inférieure.

Si la fissuration est plus poussée, les têtes se dédoublent partiellement ; on obtient alors un monstre double dit janiceps, possédant une tête à deux visages.

À un stade encore plus avancé, la partie supérieure du corps se dédouble à son tour et les deux individus ne sont plus rattachés que par le thorax : c'est le cas des « frères siamois ». La partie commune aux deux individus peut être plus ou moins lâche, permettant ainsi à chacun d'entre eux de se mouvoir avec une relative indépendance.

Enfin, dans les cas ultimes, la fissuration devient totale : elle a pour résultat des jumeaux vrais parfaitement semblables. Ce résultat illustre la phrase d'Étienne Wolff : « Si l'on peut parler de réussite dans l'anormal, on peut dire que les jumeaux sont des monstres doubles qui ont réussi à rejoindre le normal. »

— Jean SCHOWING

— Gabriel DUC

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de néonatologie à l'université de Zürich
  • : professeur à la faculté des sciences de Fribourg, Institut de biologie animale
  • : chargée de recherche au CNRS
  • : professeur émérite à l'université de Paris X-Nanterre, directeur honoraire à l'Ecole pratique des hautes études.

Classification

Pour citer cet article

Gabriel DUC, Jean SCHOWING, Nicole SINDZINGRE et René ZAZZO. JUMEAUX (biologie) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 11/04/2016

Médias

Vraie et fausse gémellité - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vraie et fausse gémellité

Monstres doubles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Monstres doubles

Autres références

  • AUTISME ET TROUBLES DU SPECTRE DE L'AUTISME

    • Écrit par
    • 6 809 mots
    Les résultats d’études portant sur des jumeaux montrent que la concordance chez les jumeaux monozygotes est élevée : chez des enfants jumeaux homozygotes (c’est-à-dire partageant le même patrimoine génétique), si l’un des deux présente un trouble autistique, alors l’autre présente lui aussi un trouble...
  • CLONAGE

    • Écrit par et
    • 5 025 mots
    • 3 médias
    – Le clonage par bissection de l'embryon au stade blastocyste (fig. 2b). Cette technique mime l'événement qui se produit naturellement chez de nombreuses espèces de mammifères au début du développement des jumeaux monozygotes ou jumeaux vrais. Ceux-ci sont issus de la division fortuite et...
  • ENDOMÉTRIOSE

    • Écrit par
    • 2 848 mots
    • 3 médias
    ...elles, ne développent pas, fort heureusement, d’endométriose. D’autres phénomènes pourraient intervenir, et la maladie, qui se transmet à 50 p. 100 chez lesjumeaux, pourrait mettre en jeu, comme beaucoup d’affections chroniques, des interactions entre génétique et environnement au sens large.
  • ÉPIGÉNÉTIQUE

    • Écrit par , et
    • 5 994 mots
    • 4 médias
    Chez l’homme, les vrais jumeaux ont un génome identique et partagent le même environnement in utero. Pourtant, avec le temps et les contingences de leur existence, les épigénomes des jumeaux vont diverger, tout comme leur apparence extérieure va se différencier. Des différences sont observées dans le...
  • Afficher les 13 références