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MELÉNDEZ VALDÉS JUAN (1754-1817)

Considéré comme le plus important poète lyrique de l'école de Salamanque dans le dernier tiers du xviiie siècle, Juan Meléndez Valdés allie dans son œuvre les courants anacréontiques et pastoraux et les préoccupations de l'humanitarisme philosophique. On lui reconnaît aussi le mérite d'avoir réhabilité le genre du romance, dont le xviie siècle avait vu le déclin.

Professeur d'humanités à Salamanque, puis magistrat à Saragosse, à Valladolid et à Madrid, l'amitié de Cadaldo et de Jovellanos le conduit au mouvement d'idées des Esprits éclairés. En 1783, influencé par Jovellanos, il se rend célèbre par une Oda a las glorias de las artes. L'année suivante, il met en scène un épisode du Don Quichotte dans une pièce médiocre, Les Noces de Camache (Las Bodas de Camacho). Lors de l'invasion française, il se montre d'abord patriote, puis afrancesado (partisan de Bonaparte) actif en acceptant des charges offertes par le roi Joseph, pour lequel il écrit Oda a José II. Obligé de s'expatrier, il meurt, dans la pauvreté, à Montpellier.

Dans les poésies de Meléndez Valdés, parues en 1785 et 1797 et rééditées après sa mort (Poesías completas, Madrid, 1820), on trouve l'écho de Théocrite, de Catulle, de Luis de León, de Villegas, de Herrera. Il compose d'abord des vers anacréontiques, des idylles, des endechas (chants funèbres) ; mais c'est dans la poésie pastorale qu'il excelle. Ses premières compositions, dans l'esprit galant et frivole du temps, chantent, en rythmes légers et charmants, l'amour volage, une nature aimable, des scènes bucoliques, les thèmes du Carpe diem, les plaisirs du vin, de l'amitié, de la musique (La Flor del Zurguén, El Amor mariposa, Rosana en los fuegos, La Paloma de Filis). Le « doux Batilo », comme le surnomma Jovellanos, écrivit aussi de beaux sonnets (El Pensamiento, Las Blandas Quejas de mi dulce lira).

Dans une deuxième partie de son œuvre, Meléndez Valdés, nourri de l'idéologie de l'Encyclopédie et du sensualisme de Locke et de Condillac, se met au service de la philosophie morale. Il écrit une suite d'Épîtres où se trouvent exposées des idées philanthropiques ou religieuses, annoncées des valeurs nouvelles de bien et de bonheur, dénoncées les misères sociales ou le fanatisme (La Beneficencia, La Calumnia, La Mendiguez). Le ton est souvent sentimental ou grandiloquent. Ici, l'aspect le plus intéressant est la façon préromantique — surtout dans les deux romances de Doña Elvira — avec laquelle le poète traduit la nature ; le paysage, souvent décrit de façon réaliste à l'opposé des mièvreries des premières œuvres, vibre en harmonie avec le cœur humain ; Young, Milton, Gessner, Goethe sont alors ses modèles.

L'œuvre de Meléndez Valdés a été diversement appréciée ; on lui a reproché ses mignardises, ses futilités, ses archaïsmes, ses imitations. Azorín voyait en lui le « premier poète romantique ». Aujourd'hui, on apprécie davantage son talent descriptif, l'harmonie de ses vers, la délicatesse de ses rythmes, la mélancolie de ses paysages, sa sensibilité exquise.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Pour citer cet article

Bernard SESÉ. MELÉNDEZ VALDÉS JUAN (1754-1817) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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