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LANIEL JOSEPH (1889-1975)

Winston Churchill, Dwight Eisenhower et Joseph Laniel - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Winston Churchill, Dwight Eisenhower et Joseph Laniel

Né à Vimoutiers dans l'Orne en 1889, Joseph Laniel appartenait à une famille prospère d'industriels et de politiciens normands entreprenants et laborieux, dont des représentants siégèrent au Palais-Bourbon de 1896 à 1958. Son père était propriétaire de la Manufacture de toiles de Vimoutiers et Lisieux. Dès 1910, Joseph Laniel prend la direction des affaires familiales. Il se distingue durant la Première Guerre mondiale, qu'il finit comme capitaine. La politique ne l'attire pas, bien que son père soit député de Lisieux depuis 1896. S'il est élu maire de Notre-Dame-de-Courson en 1919, puis conseiller général du canton de Lisieux, c'est que ces fonctions valorisent son activité locale d'industriel. Mais, son père ayant été mis en ballottage aux élections de 1932, Joseph Laniel reprend le flambeau dans la très conservatrice Alliance démocratique et est élu député du Calvados.

Le hasard et les jeux du parlementarisme, plus que son ambition, le conduisent à dépasser ce cadre provincial. Sa compétence et ses conceptions en matière d'économie le font remarquer de Paul Reynaud, avec qui il entretiendra une amitié indéfectible. Ce dernier le nomme sous-secrétaire d'État aux Finances dans son cabinet en mars 1940. Joseph Laniel vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, mais entre dans la Résistance dès 1941 et participe à la fondation du C.N.R. Bien qu'il y représente l'aile droite, il en signera le programme. « Il est conservateur, dira de lui le socialiste Daniel Mayer, il n'est pas réactionnaire. » Le 24 août 1944, il descend les Champs-Élysées aux côtés du général de Gaulle et de Georges Bidault.

Membre de droit et vice-président de l'Assemblée consultative, il est élu à l'Assemblée constituante en 1945, fonde en 1946 le Parti républicain de la liberté (P.R.L.), qui rassemble les modérés puis détient des portefeuilles ministériels dans différents gouvernements (André Marie, René Pleven, Edgar Faure).

Le 26 juin 1953, après une crise ministérielle de six semaines et faute de se mettre d'accord sur un nom plus prestigieux, l'Assemblée l'élit président du Conseil et lui accorde les pouvoirs spéciaux.

La situation est catastrophique. Laniel doit faire face au désastre militaire d'Indochine, à des grèves sauvages et prolongées dans les services publics (il fait des économies qui frappent surtout les fonctionnaires), au mécontentement paysan, au marasme économique, à l'épuisement des réserves monétaires, au refus d'une grande partie de l'opinion d'accepter la Communauté européenne de défense dont il est ardent partisan, aux conséquences de la destitution du sultan du Maroc, Mohamed V, question sur laquelle le gouvernement lui-même est divisé. L'Assemblée lui refuse la confiance sur le problème de l'Indochine le 12 juin 1954 et Pierre Mendès France lui succède.

En décembre 1953, il a été candidat malheureux à la présidence de la République, bien que, dans des Mémoires, il ait affirmé avoir obtenu au huitième tour (il y en eut treize), une dizaine de voix de plus que la majorité absolue. Joseph Laniel, dont le P.R.L. avait fusionné avec les Indépendants, a conservé son mandat de député jusqu'en 1958. Il a refusé la confiance à Pflimlin en mai 1958, mais il l'a accordée le ler juin au général de Gaulle. Il se retire alors totalement de la scène politique.

En 1957, il avait publié Le Drame indochinois, ouvrage dans lequel il rejette la responsabilité de la défaite de Diên Biên Phu sur les généraux Navarre et Cogny et où il accuse Pierre Mendès France de l'avoir poignardé dans le dos. En réalité, son itinéraire politique n'a pas été aussi linéaire que pourrait le laisser supposer le ton quelque peu prudhommesque de ses Mémoires, Jours de gloire et jours cruels, 1918-1958[...]

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Écrit par

  • : journaliste, ancien maître de conférences à l'université d'Alexandrie

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Pour citer cet article

Raymond MORINEAU. LANIEL JOSEPH (1889-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Winston Churchill, Dwight Eisenhower et Joseph Laniel - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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