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PIERRE JOSÉ (1927-1999)

L'écrivain surréaliste José Pierre est mort le 7 avril 1999. Il était né à Bénesse-Maremne (Landes) en 1927 et, après un bref passage aux Jeunesses communistes, avait rencontré André Breton en 1952 – une rencontre décisive, qui l'intégrera au Groupe surréaliste de Paris jusqu'en 1969, date de l'auto-dissolution du groupe. Dès lors, José Pierre apporte son énergie aux « interventions » surréalistes et se consacre à la publication de documents essentiels, comme Tracts et déclarations collectives et Recherches sur la sexualité. C'est dans l'intéressante notice du premier de ces ouvrages qu'il distingue, à l'intérieur de la mouvance surréaliste, les « activistes » et les « créativistes » (t. II, introd., p. XVI). Où placer José Pierre ? Des deux côtés, assurément.

Tant qu'il est membre du groupe, et jusqu'à sa thèse de doctorat, André Breton et la peinture (soutenue en 1979 et publiée en 1987), il se place parmi les activistes. Il aide Breton dans l'organisation des expositions internationales EROS (1959, galerie Daniel Cordier, Paris), L'Écart absolu (1965, galerie de L'Œil, Paris). Membre du comité de rédaction de La Brèche, il collabore à L'Archibras et à Coupure. Reconnu comme critique d'art, il anime de nombreuses expositions en France et à l'étranger, écrit dans Les Lettres nouvelles, La Quinzaine littéraire et Opus. Au colloque Surréalisme, à Cerisy, en 1966, il défend, avec Schuster, l'orthodoxie bretonnienne. Contrairement à d'autres surréalistes, comme Jean-Louis Bédouin ou Gérard Legrand, il a refusé de collaborer au Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs (1982). Il prendra pourtant, parfois, des positions contestées par les surréalistes : par exemple, à propos de Dalí. Sa contribution au catalogue de l'exposition Dalí (Centre Georges-Pompidou, 1979-1980), tout en entérinant le dogme de la « trahison » de Dalí, exprime sa sympathie pour un « génie », dont il loue l'écriture. De même, à propos du pop art, dont il estime qu'il est « tout autant tributaire du surréalisme que de Dada » (Le Futurisme et le dadaïsme).

Bref, tempérament impétueux, tenu en lisière par son amitié pour André Breton, José Pierre était un esprit libre, qui s'est manifesté, peu à peu, par un nombre considérable d'ouvrages. D'activiste, il est devenu le créativiste qu'il devait être. La publication de sa thèse permit de découvrir un auteur alliant à la générosité passionnelle la rigueur de l'information. Plus intimement expressifs de cette générosité furent, avec les monographies consacrées à ses amis, ses poèmes, ses contes et ses textes de théâtre. Et cette œuvre personnelle est allée, dans la ligne de Pierre Louÿs, de Jarry et d'Apollinaire, jusqu'à l'érotisme le plus libre : ainsi de Qu'est-ce que Thérèse ? C'est les marronniers en fleurs (1974). Ce texte, qui fut très remarqué à sa sortie, a été publié par Le Soleil noir – Éric Losfeld, qui édita la plupart des textes les plus personnels de José Pierre (D'autres chats à fouetter, 1968 ; L'Abécédaire, 1971 ; Le Testament d'Horus, 1971), ayant alors des démêlés avec la censure. C'est Denoël qui a publié le volume de son Théâtre (1969). Et José Pierre a pu également publier en Belgique, en Suisse et au Canada...

Hyper-actif, activiste de la création, ayant rendu hommage, par des études historiques, à un mouvement essentiel de la pensée du xxe siècle – ce qui lui valut d'entrer au C.N.R.S. –, José Pierre fit passer les polémiques après des œuvres de sensibilité critique. En fait, il était engagé dans une vie créatrice plus secrète – et c'est là que le poète, affrontant les tabous de la « bonne pensée », s'est trouvé marginalisé et réduit au silence.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., président de la Société internationale de poïétique, membre de l'Académie internationale de philosophie de l'art, Genève

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René PASSERON. PIERRE JOSÉ (1927-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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