Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HALLYDAY JOHNNY (1943-2017)

Le caméléon

Flambeur et excessif, jamais vaincu, Hallyday est un caméléon et exploite systématiquement tous les nouveaux genres à la mode : au printemps 1967, à l’Olympia, il est dans la sueur de la soul avec « Noir c’est noir », d’après un titre du groupe Los Bravos ; en novembre de la même année, au Palais des sports, il est hippie et interprète en français « San Francisco » de Scott Mc Kenzie. Il y a des milliers de pétales de rose sur la scène, on brûle de l’encens. Dans ses albums, il ne cesse également de varier les approches. Le public le suit au fil de ses multiples reconversions, d’autant que Johnny a de l’oreille et s’appuie sur des paroliers compétents, tel le journaliste, romancier et cinéaste Philippe Labro pour l’album Flagrant délit (1971), Michel Mallory ou Long Chris, auteur d’un de ses plus grands succès, « Gabrielle » en 1976. Il y a aussi Gilles Thibaut, qui signe le monumental « Que je t’aime » en 1969 et « Ma Gueule » dix ans plus tard. Parfois Hallyday court à l’échec : en 1972, le show « Johnny Circus », au cours duquel il sillonne la France en compagnie de cent cinquante musiciens et saltimbanques, est un gouffre financier ; le double album Hamlet, opéra rock d’après Shakespeare (1976), marque le début d’une période floue, même parsemée de tubes.

La renaissance vient en 1984, quand Alain Lévy, président de Polygram et de Philips, lui présente Michel Berger, musicien à l’étiquette intellectuel de gauche. Berger conçoit l’album Rock’n’roll attitude (1985) où l’on trouve « Quelque chose de Tennessee ». Puis, c’est Jean-Jacques Goldman qui est convié à réaliser Gang (1986) avec notamment « Je te promets » et « L’Envie ». En 1985, Hallyday renoue avec ses rêves de cinéma dans Détective, de Jean-Luc Godard. Le mariage artistique est improbable, mais fonctionne, d’autant que Johnny vit avec Nathalie Baye, l’actrice qui lui donne la réplique dans le film, dont il aura une fille, Laura Smet, née en 1983. Hallyday redevient « in ».

Son producteur, Jean-Claude Camus, qui n’a cessé de rêver de démesure pour son artiste, finit par trouver un interlocuteur attentif en la personne de Pascal Nègre, patron d’Universal Music. En 1997, ce dernier confie au chanteur à succès Pascal Obispo la composition de l’album Ce que je sais, sorti l’année suivante. Au cœur du disque, un énorme tube, « Allumer le feu », sur des paroles de Zazie. À l’automne de 1998, la France vient de remporter la Coupe du monde de football et Johnny s’installe au Stade de France, avec démonstration de moto sauvage et arrivée en hélicoptère. Le même style, celui du phénix renaissant, est gardé pour Sang pour sang (1999) composé par son fils David, son disque le plus vendu. Le 10 juin 2000, il fête ses quarante ans de carrière avec un tour de chant au pied de la tour Eiffel donné devant près de 500 000 spectateurs. Johnny a entre-temps rencontré à Miami Laeticia Boudou, une jeune mannequin de vingt et un ans, fille d’un patron de boîtes de nuit, qu’il épouse en 1996.

Après plusieurs films aux succès inégaux, Vengeance, de Johnnie To, lui permet de remonter les marches du Palais des festivals à Cannes en 2009. Mais sa santé se dégrade cette année-là, à l’issue du « Tour 66 ». Après un « petit cancer », officiellement guéri, il est hospitalisé d’urgence à Los Angeles, où il vit alors en partie, à la suite d’une opération d’une hernie discale. On le donne pour mort. Il s’en sort. Et fait un nouveau pari : le théâtre, où il débute en 2011 dans Le Paradis sur Terre, une pièce de Tennessee Williams, mise en scène par Bernard Murat.

Après un procès perdu contre Universal, Johnny Hallyday intègre Warner Music et publie Le Cœur d’un homme en 2007, un album réalisé par Yvan Cassar, son directeur musical et arrangeur[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Véronique MORTAIGNE. HALLYDAY JOHNNY (1943-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 16/01/2018

Médias

Hommage populaire à Johnny Hallyday, 2017 - crédits : Stephane Cardinale/ Corbis/ Getty Images

Hommage populaire à Johnny Hallyday, 2017

Johnny Hallyday - crédits : AGIP/ Bridgeman Images

Johnny Hallyday

Autres références

  • BERGER MICHEL (1947-1992)

    • Écrit par
    • 531 mots
    • 1 média

    Fils du professeur de médecine Jean Hamburger et de la pianiste Annette Haas-Hamburger, Michel Berger (né à Neuilly-sur-Seine le 28 novembre 1947) avait reçu en héritage un goût pour la précision soignée et une forme de sensibilité artistique qu'il tenta toujours d'accommoder au blues et au swing issus...

  • MIOSSEC (1964- )

    • Écrit par et
    • 1 002 mots
    • 1 média
    ...Lettres en 2012, il connaît une nouvelle consécration en 2014 : celle de la chanson de l’année aux victoires de la musique avec « 20 ans », écrite pour Johnny Hallyday. Quelques mois plus tard sort Ici-bas, Ici même, un album réalisé par Albin de la Simone. Les guitares électriques cèdent la place à...