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MURMELLIUS JOHANNES (1480-1517)

Originaire de Ruremonde, Johannes Murmellius fréquente à Deventer, de 1493 à 1496, l'école latine dirigée par Alexander Hegius. En 1496, il s'inscrit à l'université de Cologne et en 1500, licencié ès arts, il obtient le poste de « conrecteur » ou directeur adjoint de l'école de la cathédrale de Münster, que dirige Timan Kemner, ancien élève lui aussi d'Alexander Hegius. À la suite d'un différend avec son directeur, Murmellius quitte l'école cathédrale en 1508 pour prendre la direction de l'école Saint-Ludger de Münster. Le comportement autoritaire de Timan Kemner inspira à Murmellius une satire, à la manière d'Horace : le De magistri et discipulorum epigrammatum liber, publié en 1510. Réconcilié avec Timan Kemner, Murmellius revient en 1612 à l'école cathédrale, mais dès l'année suivante, il est nommé à l'école latine d'Alkmaar en Hollande-Septentrionale. Sous son impulsion, l'école d'Alkmaar voit alors l'effectif de ses élèves passer de cent cinquante à près de neuf cents. Ayant accepté en 1517 le rectorat de l'école de Deventer, il meurt en cette ville, peu de temps après son entrée en fonction.

Johannes Murmellius est un des représentants les plus marquants de cet « humanisme biblique » néerlandais, dont J. Lindeboom s'est fait l'historien, notamment dans sa thèse Het Bijbelsch Humanisme in Nederland (Leiden, 1913) et dont l'influence novatrice s'exerça de manière radicale, tout particulièrement dans l'enseignement donné dans les écoles latines des Pays-Bas, à l'époque de la Renaissance et de la Réforme. L'œuvre de Murmellius comporte une cinquantaine d'ouvrages, traités pédagogiques, manuels scolaires, éditions commentées d'auteurs classiques, élégies et épigrammes, poèmes néo-latins. Son manuel de conversation latine, Pappa puerorum (littéralement, « la bouillie des enfants »), publié en 1513 et, suivant le mot de J. Lindeboom, « une sorte de latin comme on le parle », connut trente-deux éditions et fut diffusé en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse à plus de 30 000 exemplaires jusqu'au milieu du xvie siècle. De même, une anthologie d'élégies latines Ex elegiis Tibulli, Propertii et Ovidii selecti versus (1504) eut soixante-dix-sept éditions, la dernière à Brême en 1789. Dans son dernier ouvrage au titre imagé Le Balai (Scoparius), publié en 1517, Murmellius s'attaque tout particulièrement à la tradition des manuels « barbares » et plaide pour un retour aux sources, tant scripturaires que classiques. Dénonçant les sophistes et les « théologistes », il prend place parmi les pionniers en qui il reconnaît les meilleurs philosophes et théologiens de son temps, tels Jean Pic de La Mirandole, Le Fèvre d'Étaples, Carolus Bovillus, Capnio van Pforzheim et Érasme de Rotterdam (cf. sa lettre de 1512 à Johannes Bugenhagen). Pédagogue et moraliste, il entend éveiller la jeunesse à la pratique de la vertu aussi bien qu'à l'exercice des belles lettres et lui « faciliter ainsi l'accès à la vraie théologie ». La réforme des artes doit, selon lui, aller de pair avec celle de la théologie. L'instauration des Bonae litterae pour laquelle il combat doit conduire tout à la fois à la rénovation de l'homme et du chrétien.

— Paul DIBON

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Paul DIBON. MURMELLIUS JOHANNES (1480-1517) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )