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JEUX OLYMPIQUES La R.D.A. et les Jeux

Jusqu'aux Jeux de Montréal, en 1976, l'affrontement politico-sportif Est-Ouest se résumait à un duel au sommet entre les deux superpuissances mondiales : États-Unis et U.R.S.S. À l'issue de ces Jeux de Montréal, les cartes sont totalement redistribuées : la R.D.A. occupe la deuxième place de l'officieux classement des nations, avec quarante médailles d'or et quatre-vingt-dix médailles au total, derrière l'U.R.S.S. (quarante-neuf médailles d'or, cent vingt-cinq médailles au total), mais devant les États-Unis (trente-quatre médailles d'or, quatre-vingt-quatorze médailles au total). Comment expliquer qu'un petit pays de dix-sept millions d'habitants, invité aux Jeux depuis huit ans seulement, puisse rivaliser avec ces deux géants ? Cette réussite – qui s'avérera une supercherie après la chute du Mur de Berlin en 1989 – s'appuie sur une démarche parfaitement planifiée, laquelle résulte d'une volonté politique de reconnaissance internationale grâce à la vitrine olympique : « Le sport n'est pas un but en soi ; il est un moyen d'atteindre d'autres buts », déclarera notamment Erich Honecker, président du Conseil d'État de la R.D.A. de 1976 à 1989.

Une politique sportive volontariste

Le modèle sportif est-allemand se distingue par une structure organisationnelle originale. En effet, selon les pays, le sport tient ou ne tient pas une place importante dans le système éducatif, ce statut étant souvent issu de la tradition (Grande-Bretagne). Puis une élite se dégage de la masse de ces sportifs en herbe. En R.D.A., l'accès au sport est garanti à tous par la Constitution, comme « élément de la culture socialiste servant à l'épanouissement de la population ». Mais, parallèlement à ce sport de masse, un système de détection perfectionné permet de « choisir » les enfants aux capacités prometteuses et de les « former » à la haute compétition, dans de multiples centres d'entraînement, dès l'âge de dix ou onze ans, parfois plus tôt. Ainsi, les enfants se mesurent lors de « Spartakiades d'arrondissement », ce qui permet de recruter les meilleurs d'entre eux. Les archives de la Stasi indiquent que plus de trente-cinq mille cadres et entraîneurs rémunérés travaillaient dans quelque deux mille centres à la formation et à la « préparation » de futurs champions soumis à une sélection drastique. La dissociation totale entre pratique sportive de masse – de « loisir », dit-on en Occident – et « formation » plus que rigoureuse à la compétition de haut niveau explique la réussite olympique de la R.D.A., laquelle ne peut pas se résumer à la seule efficacité du dopage d'État.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. JEUX OLYMPIQUES - La R.D.A. et les Jeux [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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