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PERRONNEAU JEAN-BAPTISTE (1715-1783)

La célébrité de Maurice Quentin de La Tour comme portraitiste au pastel a quelque peu éclipsé celle de Jean-Baptiste Perronneau. Une carrière moins exclusivement parisienne, une plus grande dispersion de l'œuvre, moins de brillant et de « chic » au premier abord expliquent sans la justifier cette relative méconnaissance.

Né à Paris, formé auprès de Laurent Cars et de Natoire, Perronneau se consacra d'abord à la gravure et à la peinture avant de devenir surtout un pastelliste. Le caractère de ses œuvres distingue très nettement celles-ci de la production de La Tour : moins de fondu dans la couleur, de fini dans le détail. Au Louvre ou au musée Cognacq-Jay, où l'on peut regarder ensemble des portraits de l'un et de l'autre, la différence éclate : les pastels de Perronneau ont toujours l'air quelque peu inachevés, ou altérés par le temps. Impression trompeuse, car il s'agit vraisemblablement d'un parti de style et de technique délibéré. Perronneau cherche avant tout la solidité et la force ; s'il renonce aux voilages de surface et aux effets de nacré de La Tour, c'est pour mieux affirmer des plans nets, opposer des couleurs. Le portrait d'Abraham van Robais (Louvre, 1767) nous montre tout un jeu de beiges où les touches de bleu viennent se placer dans le jabot, la perruque ou sur le menton imparfaitement rasé, comme des griffures, en gardant une sorte de rugosité.

Cet art robuste fait de Perronneau surtout un portraitiste d'hommes. Au reste, ses clients sont le plus souvent des bourgeois, commerçants ou financiers, souvent anonymes comme le personnage du beau pastel de 1766 conservé au musée de Dublin : figure vigoureuse, aux traits brusques et anguleux, au regard froid et pénétrant. Il manquerait quelque chose d'essentiel à notre vision de la société du xviiie siècle si nous n'avions pas ces visages un peu âpres de Perronneau.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

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Georges BRUNEL. PERRONNEAU JEAN-BAPTISTE (1715-1783) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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