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GELFAND ISRAEL MOISEEVICH (1913-2009)

Le mathématicien russe Israel Moiseevich Gelfand est mort le 5 octobre 2009, à New Brunswick, dans le New Jersey (États-Unis), à l'âge de quatre-vingt-seize ans. Il est universellement reconnu comme l'une des plus importantes figures des mathématiques du xxe siècle. Né le 2 septembre 1913 à Okny, près d'Odessa en Ukraine, Gelfand quitte sa région natale pour Moscou en 1930 avant d'avoir terminé ses études secondaires. Il gagne sa vie en exerçant divers emplois temporaires et donne des cours du soir de mathématiques dans plusieurs écoles. Sans avoir suivi de façon régulière les premières années d'études universitaires, il est admis en 1932 comme doctorant du mathématicien Andreï Kolmogorov (1903-1987) que n'atteignait pas l'antisémitisme ambiant. Il soutient sa première thèse en 1935 dans le domaine de l'analyse fonctionnelle, sur le sujet des fonctions abstraites et des opérateurs linéaires. Il y développe une étude originale des fonctions définies sur les espaces normés. Dans sa seconde thèse, soutenue en 1938, Gelfand définit la théorie des anneaux commutatifs normés, qui deviendra l'algèbre de Banach. Il y développe le concept d'idéal maximal et grâce à lui révèle les liens entre l'analyse fonctionnelle de Banach et l'analyse classique.

Nommé professeur à l'université de Moscou, Gelfand y organise le séminaire d'analyse mathématique. Il fonde la théorie des représentations des groupes non compacts. Dans le domaine des équations différentielles, il obtient des résultats importants sur le problème inverse de Sturm-Liouville. Il invente aussi de nouvelles méthodes de résolutions numériques des équations utiles à la physique mathématique. À partir de 1958, il s'intéresse à la biologie et à la médecine. Animateur d'un séminaire réunissant biologistes et mathématiciens, il participe à la fondation de l'institut de biophysique de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. et développe une approche originale de l'étude des systèmes complexes multicellulaires ; la compréhension de ces problèmes lui permet de découvrir de nouvelles méthodes mathématiques de la recherche d'extrema.

Victime de l'antisémitisme officiel, Gelfand est renvoyé du prestigieux Institut Steklov, puis démis de ses fonctions de professeur à temps complet à l'université de Moscou. On lui permet cependant de travailler à l'Institut de mathématiques appliquées, et il devient tardivement membre de l'Académie des sciences en 1984. Il émigre en 1990 aux États-Unis, enseigne à l'université Harvard, au Massachusetts Institute of Technology, puis occupe une chaire à l'université Rutgers dans le New Jersey. Associé étranger de l'Académie des sciences française, il a été présenté en 1975 par le mathématicien Henri Cartan comme « un pionnier qui, ayant défriché de nombreux domaines, a laissé du travail à ses continuateurs pour une ou plusieurs générations ». Lauréat de nombreuses distinctions, dont le prix Wolf en 1978, Gelfand déclarait qu'« il est important de ne pas séparer les mathématiques de la vie quotidienne » car elles sont « une façon de penser dans la vie de tous les jours ».

— Bernard PIRE

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Bernard PIRE. GELFAND ISRAEL MOISEEVICH (1913-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NORMÉES ALGÈBRES

    • Écrit par Jean-Luc SAUVAGEOT, René SPECTOR
    • 4 664 mots
    ...l'interdépendance des observations (par exemple, l'impossibilité de mesurer simultanément la position et la vitesse d'une particule est formalisée par Heisenberg comme une relation de non-commutation entre des opérateurs de l'espace hilbertien). Le formalisme abstrait que nous avons présenté est dû à I. M. Gelfand.

Voir aussi