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CUNNINGHAM IMOGEN (1883-1976)

Photographe américaine née à Portland (Oregon), Imogen Cunningham fait ses études à Seattle (Washington). Elle découvre la photographie grâce à une compagne d'université, grande admiratrice de la célèbre portraitiste Gertrude Käsebier, et s'inscrit sans tarder à une école par correspondance.

Ayant obtenu son diplôme de chimie en 1907, elle commence son apprentissage dans l'atelier d'Edward Curtis, photographe réputé pour ses travaux sur les Indiens. La tâche d'Imogen consistait à tirer les épreuves – à cette époque on utilisait des plaques de verre et, généralement, on sensibilisait le papier à l'atelier –, et cela se comprend puisqu'elle envisageait de travailler dans la branche de la chimie photographique.

Deux ans plus tard elle obtient une bourse d'études et, sur les conseils de son ancien professeur, elle s'inscrit à l'école technique supérieure de Dresde. Découvrant la peinture dans cette ville allemande, elle décide de devenir photographe.

Dès son retour à Seattle en 1910, elle ouvre un atelier de portraits. Elle se marie avec un artiste graveur et, en 1917, elle le suit à San Francisco où il avait trouvé une place de professeur. Des portraits réalisés au cours des sept années passées à Seattle, l'un d'eux faillit lui coûter sa carrière : celui de son mari, nu, dans la campagne.

Deux maternités arrêtent son activité professionnelle, mais, passionnée de botanique, elle se met à photographier, à temps perdu, la luxuriante flore californienne.

On a longtemps cru qu'Imogen Cunningham était un homme, à cause de la consonance masculine du nom de l'héroïne shakespearienne que son père lui donna. Petite de taille, mince et frêle d'aspect, elle était en réalité pleine de vie et de santé, douée d'une grande force de caractère et d'un solide bon sens.

En photographie, elle est passée du flou au net, du portrait romantique au portrait direct sans que son style ait évolué. Elle n'eut aucune curiosité en dehors du portrait et de la photographie de la flore, mais, dans ces deux genres, elle a excellé. Elle n'a subi aucune influence, même pas celle d'Edward Weston, son ami et voisin. Cependant, elle a incarné l'esprit du professionnalisme dans le plein sens du terme.

En 1930, on retrouve Imogen parmi les membres du groupe « F/64 » (symbole de la plus petite ouverture du diaphragme), mouvement promoteur du « purisme » (c'est-à-dire de l'approche directe du sujet et de la netteté de l'image).

La même année, elle ferme son studio de portraitiste pour exercer en photographe indépendant. Elle réalise ainsi pour le magazine Vanity Fair une série de portraits d'artistes d'Hollywood et, par la suite, des photographies des « célébrités » du monde de la politique et de la littérature. Elle reprend son travail régulier deux ans plus tard et ne l'arrêtera pratiquement qu'en 1966.

L'œuvre d'Imogen Cunningham a eu un curieux destin. Circonscrite pendant longtemps à la seule Californie, elle n'avait été exposée qu'à deux reprises jusqu'à ce qu'on la découvrît en 1928. Cela se traduisit en Amérique par des expositions, des achats par les musées, des publications. Puis, à partir de 1935, elle connut une éclipse jusqu'aux années 1950, années de la renaissance artistique de San Francisco. Alors l'« école de la baie de San Francisco », héritière de F/64, puis les magazines, les musées, la télévision américaine redécouvrent l'œuvre d'Imogen. Et c'est le succès. À l'âge de quatre-vingt-quatre ans, elle est nommée membre de la National Academy of Arts and Sciences et, trois ans plus tard, elle reçoit le prix Guggenheim. En 1975, elle transfère ses archives à l'Imogen Cunningham Trust, organisme qu'elle fonde afin de se décharger des aspects commerciaux de son « affaire ». D'ailleurs, elle ne cachait pas qu'elle aimait l'argent et[...]

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Pour citer cet article

Romeo MARTINEZ. CUNNINGHAM IMOGEN (1883-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...simplicité et la recherche de formes éternelles dans le spectacle du quotidien est au centre du travail des photographes californiens Edward Weston et Imogen Cunningham, qui créeront en 1932 le groupe f/64, en référence au terme qui désigne la plus petite ouverture du diaphragme. Quant aux tenants de...

Voir aussi