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HONG LOU MENG [HONG LEOU MONG]

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Le roman d'une vie

Du vivant de Cao Xueqin, son roman, qui compte aujourd'hui cent vingt épisodes, n'avait circulé que sous forme manuscrite, comportant uniquement les quatre-vingts premiers récits sous le titre Mémoires d'un roc (Shi tou ji). Il avait rédigé les titres des quarante derniers récits et le texte de certains d'entre eux ; mais ce travail a disparu. Les quarante derniers récits, dus à un auteur inconnu, ont été remaniés et complétés par Gao E et Cheng Weiyuan entre 1788 et 1791. Le livre complet, avec le titre actuel, parut pour la première fois en 1791. Le succès en fut foudroyant. Une seconde édition, revue et corrigée, fut publiée l'année suivante.

Écrit en pur dialecte de Pékin, Le Rêve dans le pavillon rouge, animé par ses quatre cent quarante-huit personnages parfaitement individualisés, avec ses innombrables intrigues enchevêtrées les unes aux autres, suscita dès sa parution les interprétations les plus fantaisistes. En fait, ce n'est ni un roman à clef, ni un roman mystique, ni même un roman autobiographique, mais un chef-d'œuvre classique du réalisme, reflétant tous les aspects de la société chinoise au xviiie siècle. L'amour de Jia Baoyu et de sa cousine Lin Daiyu constitue l'épisode central et sert de fil conducteur au récit. Héritier d'une grande famille, adulé par sa grand-mère qui est elle-même une des figures marquantes de l'ouvrage, Baoyu est un garçon rêveur, romanesque et précocement voluptueux. Doué d'un esprit de contestation, il se rebelle contre toutes les contraintes familiales ou sociales, contre le système des concours qui conduisent aux carrières officielles. Il répugne à fréquenter mandarins ou dignitaires, « pillards de l'État », qui pratiquent « la pêche des titres et le marchandage de réputation ». Il vit dans un parc magnifique où se dressent de somptueux pavillons occupés par ses sœurs, belles-sœurs et cousines, chacune entourée d'un essaim de soubrettes. Parmi toutes ces jeunes filles, Lin Daiyu, une cousine du côté paternel, reste sa préférée. Mais une autre cousine, Xue Baochai, nièce de sa mère, cherche également à le conquérir. « Sa tenue témoigne d'une parfaite correction, son visage montre une grande beauté, et comme elle sait tenir compte des situations, elle s'est concilié le cœur de tout le monde. » Aussi les parents de Baoyu décident-ils de lui faire épouser Baochai, en usant d'une substitution pour éviter un refus du jeune homme. Daiyu meurt de désespoir le jour même du mariage de son cousin ; quant à Baoyu, ayant découvert la supercherie et appris la fin de sa bien-aimée, il quitte la maison paternelle pour se faire moine bouddhiste. C'est par cet acte négatif qu'il entend protester contre le système de mariage qui opprime la jeunesse chinoise depuis tant de siècles.

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Écrit par

  • : maître assistant honoraire à l'université de Paris-VIII

Classification

Pour citer cet article

LI TCHE-HOUA. HONG LOU MENG [HONG LEOU MONG] [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • LE RÊVE DANS LE PAVILLON ROUGE (HONG LOU MENG), Cao Xueqin - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 736 mots

    C'est aux environs de 1754, sous le règne de l'empereur Qianlong qu'un roman intitulé Mémoires d'un roc, dont la rédaction aurait commencé en 1742, connaît un certain succès. Plus tard, son auteur présumé, Cao Xueqin (env. 1715-env. 1764) le remanie et lui donne d'autres titres...

  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

    • Écrit par , , , , et
    • 47 507 mots
    • 3 médias
    ...de l'époque mandchoue s'est montrée particulièrement féconde. Du règne de Qianlong date le chef-d'œuvre du roman chinois, Le Rêve du pavillon rouge ( Hong lou meng) de Cao Zhan, plus souvent appelé Cao Xueqin (env. 1715-1763). Cependant, certains critiques refusent de voir en Cao Zhan l'auteur d'un roman...