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GRANDMA MOSES (1860-1961)

Illustre centenaire de la peinture américaine, Grandma Moses, de son véritable nom Anna Mary Robertson, était une fermière de la Nouvelle-Angleterre, épouse de Thomas S. Moses, qui à près de quatre-vingts ans se prit de passion pour la peinture. Elle se consacra à la peinture, qui l'avait déjà attirée au cours des années vingt, avec tout le naturel qu'elle avait accordé jusqu'alors aux occupations agricoles. L'instinct et la sensibilité dont elle fit preuve attirèrent vite sur elle l'attention, puis une célébrité retentissante. Elle s'en amusa mais cela ne troubla guère la simplicité de son existence. Restée totalement autodidacte, elle avait inventé sa peinture de tableau en tableau. Mais son sujet, la nature et ses saisons, elle le connaissait parfaitement. Aussi le paysage fut-il son unique thème d'inspiration, à l'exception de quelques rares scènes d'intérieur où elle n'excelle pas. Elle travaillait en chambre, restituant de mémoire, sous ses diverses formes météorologiques, les collines du Vermont, toujours peuplées d'un petit monde anecdotique évoquant la vie quotidienne et rurale, avec une prédilection pour l'hiver et ses champs de neige. Mais la figure humaine compte peu dans cette œuvre, Grandma Moses ne fit jamais de portrait. L'homme, comme le monde animal — traité du reste de manière plus exacte —, n'est que l'objet d'une vie plus vaste, celle du ciel et de la terre. Car si la partie descriptive reste maladroite et schématique dans le dessin, si la perspective en est arbitraire, si la composition, plutôt convenue, ne témoigne d'aucune recherche particulière, la suggestion de l'espace est, elle, toute picturale, et joue des plus délicates valeurs de la couleur avec un art qui doit tout à l'instinct et à la fraîcheur d'observation. Cette innocence parfaite, c'est-à-dire ce rapport subtil de science innée et de spontanéité maladroite, place Grandma Moses au tout premier rang des peintres « naïfs » authentiques. Quelques années avant sa mort, une autobiographie (My Life's History, New York, 1952) confirmait, par son style vif et personnel, l'étonnante nature de cette vieille dame sereine.

— Pierre GEORGEL

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Pierre GEORGEL. GRANDMA MOSES (1860-1961) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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