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BOLDINI GIOVANNI (1842-1931)

Né à Ferrare en Italie, Boldini est initié par son père, peintre de son métier, aux techniques de la peinture et à l'iconographie traditionnelle de la Renaissance. En 1858, le jeune homme affirme une parfaite maîtrise des moyens d'expression picturale (Autoportrait à seize ans, 1858, coll. part.), et ses connaissances se trouveront consolidées par les études accomplies à partir de 1863 aux Beaux-Arts de Florence. Vers 1867, Boldini fait la connaissance de Degas, qui séjourne à plusieurs reprises dans cette ville, et le peintre français semble incarner pour le jeune artiste italien cet idéal de « peintre aristocrate » qui le fascine depuis son enfance. Une visite à l'Exposition universelle de Paris en 1867 permet à Boldini non seulement de rencontrer d'autres artistes français, mais aussi d'être introduit dans ce Tout-Paris qui sera par la suite son milieu social de prédilection. Parmi les peintres français, Manet lui semble avoir choisi la voie la plus originale et la plus vraie, car il associe un nouveau répertoire iconographique à un traitement technique orthodoxe.

Entre 1867 et 1870, Boldini, rentré à Florence, travaille avec acharnement à une série de portraits (Monsieur Stibert, Le Peintre Cabianca, Piero Martelli). Quelque temps après (1871), il s'établit définitivement à Paris, où il travaille pour le marchand d'art Goupil, et devient, en quelques années, un portraitiste « mondain » confirmé : des tableaux tels que le Portrait de Whistler (1897, musée de Brooklin, États-Unis), de facture agréable et sûre, ou encore le célèbre Portrait de Robert de Montesquiou (1897, musée d'Orsay, Paris) confirment son prestige auprès du public et des écrivains à la mode (Boldini fut très apprécié par les frères Goncourt).

Vers la fin du siècle, le peintre participe régulièrement aux salons officiels où son œuvre, qui découle d'un savant mélange de techniques conservatrices (perspective, ton local, dessin ferme) et d'approches modernes (touches larges et floues, espaces parfois indéterminés, cadrages inédits), n'a aucune difficulté à s'imposer (S.A.R. l'Infante Eulalie d'Espagne, 1899, musée Boldini, Ferrare).

Après 1889, la renommée de Boldini est telle que l'artiste est invité aux expositions les plus importantes, en Europe et aux États-Unis.

Un article du Figaro semble bien cerner les limites de son œuvre : « Il y a des peintres qui voient triste, d'autres qui voient grand, d'autres qui voient de travers, lui voit excitant. » En effet, sa peinture veut d'abord séduire et flatter le public auquel elle est destinée, tout en sauvegardant d'une part une certaine modernité de facture et d'autre part les « valeurs sûres » de la tradition.

Après la guerre de 1914-1918, Boldini, qui ne s'intéresse absolument pas aux courants novateurs de l'art contemporain, reprendra encore inlassablement les thèmes favoris qui l'avaient rendu célèbre (des portraits de personnages illustres, des paysages, des nus « excitants »). Il va répéter jusqu'à sa mort son schéma de construction particulier, alliant la précision de la structure spatiale et des détails à quelques concessions à la modernité (Nu sur une bergère, 1917).

— Charles SALA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

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