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VENISE GHETTO DE

Dès 1215, le IVe concile du Latran avait préconisé une séparation physique entre chrétiens et juifs. La république de Venise est la première à appliquer cette exigence. Le 25 janvier 1516, le Sénat de Venise vote un décret confinant les juifs dans un quartier clos de murs. Dès le 10 avril, sept cents juifs sont installés sur un îlot urbanisé au siècle précédent appelé geto novo (nouvelle fonderie). Ils y sont plusieurs milliers peu avant la peste de 1630. Des règlements oppressifs s'imposent au ghetto, limitant les choix professionnels de ses habitants, réduits à n'exercer que des fonctions voulues par le pouvoir chrétien dans un espace surpeuplé, nauséabond, déprécié. Le modèle se répand en Europe, à Rome, Vienne, Francfort-sur-le-Main, Prague. Abolie au fil des conquêtes napoléoniennes, puis restaurée au retour des anciens régimes, l'institution disparaît en Europe après 1848 (le dernier ghetto d'Italie, celui de Rome, disparaît en 1870, avec l'État pontifical). En terre d'Islam, le ghetto reste la norme jusqu'au xxe siècle. À partir de 1940, l'Allemagne nazie opère une réimplantation accélérée des ghettos dans les territoires envahis à l'est, dispositif policier de parcage préalable à l'exécution de la « solution finale ». Généralisé aujourd'hui, le terme ghetto désigne un ensemble topographique regroupant de fait et non de droit des minorités déshéritées.

— Gérard NAHON

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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Pour citer cet article

Gérard NAHON. VENISE GHETTO DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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