Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VAN ELK GER (1941- )

Né à Amsterdam, Ger Van Elk est avec Jan Dibbets l'un des artistes hollandais les plus représentatifs de la génération apparue à la fin des années 1960. Il poursuit une réflexion critique et analytique sur l'art du xviie siècle, notamment sur la peinture de genre hollandaise : nature morte, paysage et portrait. Ses débuts sont liés à une conception radicalement moderniste de l'art où l'utilisation de la peinture laisse la place à de nouveaux médias, surtout la photographie, qui lui permet de poser en d'autres termes les questions de perception de la réalité : Symmetry of Diplomacy, 1971 (deux photographies en couleurs retouchées, Stedelijk Museum, Amsterdam), montre un personnage (l'artiste posant au diplomate) assis, tourné vers un fauteuil vide. Sa position, symétrique, diffère (il est assis une fois à droite, une fois à gauche), de telle sorte que le regard est dirigé vers le centre où l'absence est soulignée par le fauteuil vide. Cette œuvre (fragment d'une série) est l'exemple type de la déstabilisation du regard recherchée avec ironie par l'artiste. En 1974, il crée la série des Adieu : un paysage banal photographié sur un fond de rideau de scène à demi-ouvert, et présenté dans un cadre, dont la forme trapézoïdale répond à celle du tableau. Plus qu'un adieu symbolique à la peinture, cette série illustre le jeu, cher à Ger Van Elk, sur l'illusion de la représentation optique dans l'espace limité d'une surface plane.

Progressivement, la photo retouchée en couleurs cède la place à la peinture qui envahit le tableau, recouvrant partiellement ou presque entièrement la photographie. En même temps, le tableau sort progressivement du cadre pour s'insérer en trois dimensions dans l'espace : Olympic Sportive (1979, Art and Project, Amsterdam).

Avec la série des Natures mortes aux fleurs, 1982 — photographies en couleurs de bouquets recouverts de peintures dans un style proche du dripping de Pollock (Bouquet Anvers, 1982, Stedelijk Museum, Amsterdam) —, Ger Van Elk revient au plan, fidèle à sa manière iconoclaste et humoristique, que l'on retrouve dans la série des portraits.

Dans des œuvres telles que Natures mortes aux fruits (1988), Ger Van Elk pousse à l'extrême la thématique de ses travaux précédents, jouant avec une grande maîtrise du cadre, de la photographie et de la peinture pour créer des effets visuels où il est difficile de distinguer le vrai du faux, l'illusoire du réel, le plan du volume.

En 1980, l'A.R.C., musée d'Art moderne de la Ville de Paris, a consacré une grande exposition à son œuvre et le Magasin, Centre national d'art contemporain de Grenoble, a présenté ses œuvres. En 1993, le musée Boymans-Van Beuningen de Rotterdam a présenté l'exposition Sandwiches, 1991-1992, où des objets regroupés en une installation se caractérisaient par leur agressivité : des morceaux de bois ou de métal écrasant des photographies des différentes parties du corps de l'artiste.

— Béatrice PARENT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : conservateur à l'ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Béatrice PARENT. VAN ELK GER (1941- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi