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MAVROS GEORGES (1909-1995)

Grande figure du centrisme et du libéralisme grecs pendant plus de trois décennies, à l'époque où les forces politiques extrémistes en lutte – royalistes contre communistes – ne laissaient guère de place aux modérés, Georges Mavros est né en mars 1909 à Kastellorizo, petit îlot excentré du Dodécanèse. Il fait des études de droit à Athènes puis à Berlin et obtient le titre de docteur. Ce jeune polyglotte, parlant anglais, français, allemand, italien, est nommé lecteur en droit international à l'université d'Athènes en 1937, puis assistant en droit de 1938 à 1942. En 1943-1944, il appartient avec Constantin Caramanlis, Constantin Tsatsos (deux futurs présidents de la République) et quelques autres à un petit groupe qui prépare la libération dans un esprit modéré : l'Union socialiste. Il est député du Parti libéral de 1946 à 1961. De novembre 1945 à avril 1946, il occupe son premier poste ministériel : secrétaire d'État à la Justice et à la Présidence. Il ne participe pas aux cabinets durant la guerre civile (1946-1949), mais revient ensuite sur la scène politique : ministre de l'Industrie et du Commerce en 1949 et en 1950, puis des Finances en 1951, il est aussi membre du bureau de la Banque mondiale de 1949 à 1952. En 1952, il est nommé secrétaire d'État puis ministre de la Défense dans le cabinet du vieux général républicain Nicolas Plastiras.

Libéral, il se rapproche du centre gauche de Georges Papandréou. Membre de l'Union du centre, il est député de cette formation de 1961 à 1967. Lors du premier gouvernement centriste de l'histoire du pays, il est ministre de la Coordination en novembre et décembre 1963, puis de février 1964 à juillet 1965. Après la chute du cabinet Papandréou, consécutive à des manœuvres du Palais, il devient gouverneur de la Banque nationale de Grèce, poste qu'il occupe en 1965 et 1966. Durant la dictature des colonels, il est déporté à Yaros, l'île-bagne de sinistre réputation située au milieu de la mer Égée, de mars à mai 1974.

Avec le retour de la démocratie, en juillet 1974, il est au sommet de sa carrière politique. Durant le gouvernement d'union nationale de juillet à octobre 1974, ce modéré est vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. C'est à ce titre qu'il participe à la Conférence internationale de Genève, en août 1974, pour tenter, mais sans succès, de trouver une solution au problème de Chypre après l'invasion de l'île par l'armée turque en juillet 1974. Il devient aussi le président de l'Union du centre-Forces nouvelles, dont il est un des députés de 1974 à 1977.

Mais son parti doit faire face à la concurrence farouche du jeune P.A.S.O.K. (Mouvement socialiste panhellénique), fondé en septembre 1974 et dirigé par Andréas Papandréou, le bouillant fils de Georges. Mavros tente de moderniser l'Union du centre en la transformant en Union démocratique du centre ; il en est président en 1977 et 1978 et député de 1977 à 1981. Mais l'Union démocratique du centre reste un groupuscule. Lorsque, en octobre 1981, le P.A.S.O.K. accède au pouvoir, Georges Mavros s'en rapproche : député apparenté du P.A.S.O.K. de 1981 à 1989, il en est aussi député européen en 1984. Mais après l'échec de ce parti aux élections de 1989 et la cascade de scandales qui touche l'ensemble de la classe politique, il se retire des affaires publiques. Il meurt à Athènes le 6 mai 1995.

— Christophe CHICLET

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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Christophe CHICLET. MAVROS GEORGES (1909-1995) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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