Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CABANIS GEORGES (1757-1808)

Médecin et philosophe français, disciple de Condillac, Cabanis fréquente, chez Mme Helvétius, les Encyclopédistes, Franklin et Voltaire. Il participe à la Révolution française, collaborant à la rédaction des discours de Mirabeau et le soignant jusqu'à sa mort, ce qui n'améliore pas sa réputation de médecin, puisqu'on l'accuse alors d'avoir empoisonné son illustre malade. Ami de Condorcet, il doit se cacher sous la Terreur et ne reprend ses activités politiques qu'avec la réaction thermidorienne, dont il devient un des grands bénéficiaires : nommé successivement professeur d'hygiène, puis de clinique médicale à l'École de médecine de Paris, membre de l'Institut en 1796, il est élu au Conseil des Cinq-Cents. Chaud partisan de Sieyès, il participe au coup d'État du 18-Brumaire et Bonaparte fait de lui un sénateur et un commandeur de sa nouvelle Légion d'honneur.

Il est également opportuniste sur le plan philosophique : après avoir soutenu un point de vue matérialiste dans son Traité du physique et du moral de l'homme (1802) réimprimé ensuite sous le titre mieux connu de Rapports du physique et du moral, il participe au mouvement des idéologues de Destutt de Tracy, et revient à une métaphysique bien orthodoxe et conservatrice dans sa Lettre sur les causes premières (publiée seulement en 1824 par Bérard). Cependant, le matérialisme des Rapports a exercé une grande influence sur la pensée médicale et scientifique du début du xixe siècle. Pinel, Bichat, entre autres, s'en sont beaucoup inspirés. Avec le temps, la notion de la sécrétion des idées est devenue un poncif un peu ridicule, une cible facile pour les critiques antimatérialistes et les nostalgiques de la Restauration. Les Œuvres complètes de Cabanis ont été publiées à Paris en 1825.

— Jacques POSTEL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : médecin-chef au centre hospitalier Sainte-Anne, Paris

Classification

Pour citer cet article

Jacques POSTEL. CABANIS GEORGES (1757-1808) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • IDÉOLOGUES

    • Écrit par André CANIVEZ
    • 1 699 mots
    Le médecinGeorges Cabanis (1757-1808), mort trop jeune après une existence consacrée à l'amitié et au bien public, fut aussi un des grands idéologues. Bien qu'il l'ait aidé à prendre le pouvoir, Bonaparte le considéra comme dangereux et vain quand il osa désavouer sa dictature. Dans ses remarquables...
  • MATIÈRE/ESPRIT (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 374 mots
    ...affirme dans L’Homme-machine (1748) qu’« il n’y a dans tout l’Univers qu’une seule substance diversement modifiée » – ou encore avec Pierre Jean George Cabanis (1757-1808) qui la présente de manière provocatrice : « Le cerveau sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile » (1802)....

Voir aussi