BUSH GEORGE W. (1946- )
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Quarante-troisième président des États-Unis (2001-2009), George Walker Bush est l'aîné des six enfants du président George Herbert Walker Bush et le petit-fils du sénateur du Connecticut et banquier Prescott Bush. Il est né le 6 juillet 1946 à New Haven (Connecticut) alors que son père, après avoir combattu comme pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, avait repris ses études à Yale. Il est élevé à Midland, une petite ville de l'ouest du Texas où son père a fondé une société pétrolière.
George W. Bush suit les traces de son père, sur un mode mineur. Il étudie dans les mêmes écoles, la Phillips Academy d'Andover (Massachusetts), puis Yale où il obtient sa licence d'histoire en 1968 et est initié dans la société secrète de l'université, Skull and Bones. De 1968 à 1973, pendant la guerre du Vietnam, il est pilote dans la Garde nationale du Texas, mais évite le théâtre des opérations, un avantage dont ont alors bénéficié la plupart des fils d'hommes politiques de premier plan. Il a la réputation d'aimer les fêtes, de boire beaucoup et de collectionner les conquêtes féminines. Lorsque sa candidature est refusée par l'université de droit du Texas, il se tourne vers Harvard Business School où il obtient un M.B.A. en 1975. En pleine période de boom pétrolier, il retourne à ses racines texanes et décide de tenter sa chance dans l'industrie pétrolière, dans laquelle son père a fait fortune trente ans auparavant.
En 1977, il surprend sa famille et ses amis en se lançant dans la politique. Il est candidat au siège de représentant du Texas au Congrès, mais il est battu par son adversaire démocrate, mieux implanté localement. C'est une leçon qu'il n'oubliera pas, quitte à en rajouter dans le style populiste. À l'été, des amis communs lui font rencontrer Laura Welch, originaire de Midland, diplômée en sciences de l'éducation et bibliothécaire, qu'il épouse trois mois plus tard. Leurs jumelles, Barbara et Jenna, naissent en 1981.
En 1978, il monte sa propre société pétrolière, Arbusto, qui connaît un succès modéré. En 1982, alors que les cours du pétrole chutent, il vend 10 p. 100 de sa compagnie (dont la valeur n'est estimée qu'à 382 000 dollars) à une société panaméenne, pour un million de dollars, une affaire très avantageuse. Son nom fait la différence. Que ce soit dans les affaires ou dans la politique, les relations de son père lui apportent les capitaux indispensables. En 1984, Arbusto fusionne avec Spectrum 7, une compagnie de forage qui dispose d'un bon réseau d'investisseurs. En 1986, le rachat de sa part par la compagnie Harken et un poste de directeur et consultant libèrent George W. Bush de tout souci financier.
C'est en fait le base-ball qui lui apportera la fortune et une identité autre que celle de fils de son père. George W. Bush organise le groupe d'investisseurs qui, en 1989, rachètent l'équipe des Texas Rangers. Quand le groupe revend les Rangers, en 1998, son investissement initial de 600 000 dollars lui procure un bénéfice de 15 millions de dollars.
En 1986, à quarante ans, son bilan reste médiocre. C'est pourtant à ce moment que sa vie prend un tournant qui le mènera à la candidature suprême.
Attiré par la religion, il décide de s'investir plus dans les activités de l'Église méthodiste de Midland et prend la résolution d'arrêter de boire. En 1988, la campagne électorale de son père pour la présidence lui offre l'occasion de reprendre contact avec la lutte politique et de faire son apprentissage. Après la défaite de son père en 1992, il démarre sa propre carrière politique. Il est élu gouverneur du Texas en 1994 et réélu confortablement en 1998. Il manifeste alors un véritable tempérament politique, appréciant le contact avec les électeurs.
Il mène une politique qu'il qualifie de « conservatisme avec du cœur », agit en bon gestionnaire, favorable cependant aux intérêts financiers. Il soutient la lutte contre l'illettrisme et la criminalité juvénile. Il s'affirme partisan de la peine de mort.
En 2000, il gagne l'investiture du Parti républicain pour l'élection présidentielle. À l'issue d'une campagne disputée et controversée, il obtient la majorité des grands électeurs, bien que son adversaire Al Gore l'emporte de plus de 500 000 voix dans le vote populaire. Il recueille les votes du Sud, de la droite chrétienne (hostile à l'avortement), et est populaire parmi les électeurs masculins blancs. Un tiers des Hispaniques, pourtant traditionnellement favorables aux démocrates, ont voté pour lui. Bush se présente comme un homme de conciliation, prêt à travailler avec les démocrates, comme il l'a fait au Texas.
George W. Bush reconnaît l'influence que son père et Ronald Reagan ont eue sur ses idées politiques. Républicain modéré, il est favorable à la limitation du pouvoir fédéral, aux réductions d'impôts, à la diminution des contrôles sur les entreprises. Dès son investiture en janvier 2001, il s'emploie à mettre en œuvre un programme protectionniste et de déréglementation. Peu intéressé par les problèmes internationaux et par la sauvegarde de l'environnement, il refuse de ratifier le protocole de Kyōto sur le réchauffement de la planète et accepte l'abaissement des normes de pollution et l'ouverture des espaces naturels protégés à l'exploitation pétrolière et forestière.
Ce président mal élu et contesté acquiert pourtant une stature internationale après les attentats contre les tours du World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington, le 11 septembre 2001, qui ont provoqué la mort de 2 843 personnes. Le choc est profond dans le pays, victime pour la première fois d'une attaque majeure sur son territoire. Selon les sondages, 90 p. 100 de la population soutient le président, dont la politique est de plus en plus influencée par les « néo-conservateurs », partisans d'une réponse dure. Ceux-ci, parmi lesquels le ministre de la Défense, Donald Rumsfeld, et son adjoint, Paul Wolfowitz, veulent utiliser la superpuissance des États-Unis pour intervenir plus activement dans les affaires mondiales et installer la démocratie américaine au Moyen-Orient.
Le 7 octobre 2001, les États-Unis entrent en guerre contre l'Afghanistan des talibans, accusé d'abriter l'homme qu'ils considèrent comme le principal responsable des attentats, Oussama ben Laden. La chute du régime des talibans est rapide, mais Ben Laden reste introuvable. Le 26 octobre 2001, G. W. Bush fait voter le USA Patriot Act, loi antiterroriste qui donne au gouvernement droit de surveillance sur les communications téléphoniques et sur Internet. Dans son discours sur l'état de l'Union, le 29 janvier 2002, il dénonce ce qu'il appelle l'« axe du Mal » – l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord –, qu'il accuse d'aider des terroristes, de menacer la paix du monde et de détenir des armes de destruction massive. L'Irak de Saddam Hussein est particulièrement désigné – affirmation qui se révélera infondée. Les élections de mi-mandat au Congrès (5 novembre 2002) donnent une majorité au Parti républicain, ce qui est interprété par le président et ses proches comme une approbation de leur politique extérieure. Passant outre aux accusations d'unilatéralisme portées par de nombreux pays (notamment la France, l'Allemagne, la Chine et la Russie) qui veulent obtenir un désarmement négocié de l'Irak, G. W. Bush, au nom du concept de guerre préventive, décide d'attaquer l'Irak, avec l'appui du Royaume-Uni, mais sans l'aval de l'O.N.U. La victoire rapide sur le terrain (début des opérations le 20 mars et chute de Bagdad le 9 avril 2003) conforte sa popularité auprès des Américains (70 p. 100).
La victoire militaire des États-Unis et de leurs alliés ne s'accompagne pas d'une pacification en Irak. La menace terroriste persistante, la hausse des prix du pétrole et la baisse de la valeur du dollar pèsent sur la campagne électorale de 2004. Le taux de participation, le plus élevé depuis 1968, est de 60,7 p. 100. S'appuyant sur sa politique sécuritaire et la défense des valeurs traditionnelles, George W. Bush remporte une victoire incontestée sur le candidat démocrate John F. Kerry, avec 50,8 p. 100 des suffrages exprimés contre 48,3 p. 100 à son adversaire. Il commence son second mandat avec une majorité républicaine à la Chambre des représentants et au Sénat. Mais les élections de mi-mandat (7 novembre 2006) voient la victoire des démocrates au Congrès.
Les difficultés de l'intervention en Irak, souvent comparée au bourbier vietnamien, la mauvaise gestion des secours à la population de La Nouvelle-Orléans touchée par le cyclone Katrina (29 août 2005), la crise financière (crédits immobiliers à risque accordés trop librement par les banques) et immobilière, et la baisse du niveau de vie liée à l'augmentation vertigineuse des prix du pétrole et des matières premières provoquent une érosion rapide de sa cote de popularité. La victoire du démocrate Barack Obama à l'élection présidentielle du 4 novembre 2008 est due en grande partie au rejet par les électeurs de l'administration au pouvoir.
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Écrit par
- Annick FOUCRIER : historienne, professeure émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, histoire de l'Amérique du Nord, UMR SIRICE 8138
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