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GENNADIOS II, GEORGES KOURTÉSÈS dit SCHOLARIOS (1405-apr. 1472) patriarche de Constantinople entre 1454 et 1465

Né à Byzance en 1405, Georges Kourtésès dit Scholarios reçoit sa première formation générale du futur métropolite d'Éphèse, Marc, mais il sera surtout un extraordinaire autodidacte. Il assume d'abord un enseignement privé de grammaire et de philosophie. Vers la trentaine, il exerce déjà d'importantes fonctions dans l'État : membre du Collège suprême des quatre juges généraux des Romains, chef de la chancellerie privée de Jean VIII, Gennadios est en outre le prédicateur attitré du Palais.

Deux événements majeurs viennent infléchir le cours de sa carrière : le rapprochement avec Rome et la prise de Constantinople par les Turcs. Scholarios a été associé dès le début aux négociations préconciliaires, à Byzance ; il intervient ensuite dans les délibérations du concile de Ferrare-Florence (1438-1439) en qualité de conseiller et porte-parole du parti grec. Il affiche, en la circonstance, un remarquable esprit d'ouverture. À partir de 1443, sous l'influence notamment de Marc d'Éphèse, il revient à l'intransigeance traditionnelle de son Église et répand de nombreux opuscules anti-unionistes. Il encourt la disgrâce impériale ; c'est alors qu'il se fait moine sous le nom de Gennadios. Rentré en faveur, il ne sacrifie rien des positions auxquelles il s'est rangé et il réprouvera tout net le renouvellement de l'Union en 1452 sous Constantin XI.

Un an plus tard, le 29 mai 1453, Constantinople est enlevée par Mehmet II. Gennadios est acheté comme esclave par un riche Turc d'Andrinople, qui, séduit par les qualités de l'homme, l'affranchit, l'entoure d'égards et publie ses mérites. Le sultan, informé, le mande à Constantinople et le porte sur le trône patriarcal, vacant depuis trois ans. Il l'investit lui-même le 6 janvier 1454. Sous la contrainte des circonstances et pour éviter la prolifération des apostasies, le nouveau patriarche pratique des dérogations au droit matrimonial, qui lui suscitent des inimitiés dans son entourage. Il démissionne deux ans jour pour jour après son intronisation et se retire à l'Athos, puis au monastère du Prodrome au mont Ménécée près de Serrès. Rappelé à deux reprises (1462-1463, 1464-1465), il s'installe définitivement dans son refuge de Serrès. Il meurt à une date inconnue, après 1472.

L'œuvre énorme de Scholarios témoigne d'une vaste culture et d'une intelligence présente à toutes les sollicitations du temps. Du polémiste on retiendra la production anti-unioniste, et en particulier son copieux ouvrage sur La Procession du Saint-Esprit ; son traité sur L'Essence et les énergies en Dieu, manifeste de palamisme modéré ; son Dialogue avec les juifs ; son traité De la fatalité et du polythéisme contre Pléthon.

Le théologien donne sa mesure dans son ouvrage De la Providence divine et de la prédestination (1459 et suiv.) et dans son Exposé de la foi chrétienne, rédigé à l'intention du sultan, mais aussi dans d'innombrables opuscules. Son œuvre pastorale comprend des écrits oratoires, des mandements disciplinaires et doctrinaux, des poèmes liturgiques ou d'édification.

Enfin, Scholarios a laissé de nombreux résumés ou traductions d'œuvres de la scolastique occidentale, notamment des épitomés de la Somme contre les Gentils et de la Ie pars de la Somme théologique de Thomas d'Aquin, des traductions du De ente et essentia et du De anima de ce dernier ; des Summulae de Pierre d'Espagne et du De sex principiis de Gilbert de la Porrée. Cette entreprise de traduction n'aurait qu'un intérêt limité si l'on ne savait que Scholarios avoue une admiration profonde pour Thomas d'Aquin et reconnaît dans les faits sa dette envers la méthode et la thématique du théologien latin.

— Jean GOUILLARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

Classification

Pour citer cet article

Jean GOUILLARD. GENNADIOS II, GEORGES KOURTÉSÈS dit SCHOLARIOS (1405-apr. 1472) patriarche de Constantinople entre 1454 et 1465 [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRÈCE - De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine

    • Écrit par Jean CATSIAPIS, Universalis, Dimitri KITSIKIS, Nicolas SVORONOS
    • 21 411 mots
    • 12 médias
    ...Paléologue (1425-1448) avait avec lui, en 1439, à Florence, pour le conseiller dans sa tentative d'union avec les catholiques, trois revinrent pro-turcs : Georges Scholarios, dit Gennadios, pris la tête des antiunionnistes, se fit moine et, dès la prise de Constantinople, fut choisi par Mehmet II comme patriarche....

Voir aussi