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CHAISSAC GASTON (1910-1964)

Gaston Chaissac a pu être présenté comme l'« un des grands inventeurs du xxe siècle », de la modernité. C'était à l'occasion de la rétrospective qui réunissait 350 œuvres de ce peintre à Paris, en 2000, à la Galerie nationale du Jeu de paume. Quelle revanche, pour celui qui n'aura cessé de se plaindre de « faux bruits » par lesquels ses « contes et poèmes passèrent pour être de Raymond Queneau et [ses] dessins de Picasso peut-être ». C'était dans les années 1940. De celui qui apparut longtemps comme un marginal de l'art brut, ami de Dubuffet, la réputation s'est envolée à partir de la seconde moitié des années 1970, jusqu'à la reconnaissance d'une place particulière dans l'art contemporain.

Un fils de son temps et de la misère

Gaston Chaissac est né en 1910 à Avallon dans l'Yonne, de parents corréziens des plus pauvres. De santé fragile, il connaît des échecs scolaires et divers essais d'apprentissage, aux termes desquels il va se retrouver cordonnier, le plus souvent sans travail. Installé en Vendée pour se marier, à la fin de 1942, avec Camille Guibert, bientôt père d'une petite fille, il n'est pour la plupart des villageois que le mari de l'institutrice, un personnage qui « présente mal ». Mais à Paris où il était déjà un peu connu, il présente plutôt bien, apprécié par Raymond Queneau, aidé par Jean Dubuffet, publié par Jean Paulhan chez Gallimard. Il expose aussi, à Paris et en province. Quand il meurt, en 1964, son œuvre picturale est sortie des frontières, exposée en Italie et aux États-Unis. Il faudra attendre 1973, toutefois, pour que la première rétrospective publique réunisse 195 de ses œuvres au Musée national d'art moderne de Paris.

Chaissac est d'abord, pour la plupart de ses contemporains, un personnage haut en couleur. À la fin des années 1940, il expose à Raymond Dumay « la méthode qui lui permit de capter les premiers rayons de la gloire » : « se faire une légende ». Avec un exemple à l'appui, quand son interlocuteur va quitter le village. « Au départ, Chaissac m'offrit comme une fleur sa dernière idée : il préparait une exposition de toiles d'araignées. » Mais l'homme souffrira de sa légende. Secret et mélancolique, il a multiplié les masques, comme on le voit dans la correspondance volumineuse où il s'est métamorphosé en écrivain.

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'information et de la communication, chercheur (centre BioGéo, U.M.R. C.N.R.S.), président du réseau Mémoire de l'environnement

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Autres références

  • CHAISSAC-DUBUFFET (expositions et livre)

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    La publication en 2013 par les éditions Gallimard de l’intégralité de la correspondance croisée entre Gaston Chaissac et Jean Dubuffet fait figure d’événement. L’exposition Entre Plume et Pinceau, co-produite par L’Adresse-Musée de la Poste, à Paris (27 mai-28 septembre 2013), et par le...