Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FRANÇOIS-JOSEPH Ier (1830-1916) empereur d'Autriche (1848-1916)

<it>François-Joseph I<sup>er</sup>, empereur d'Autriche</it>, F. X. Winterhalter - crédits :  Bridgeman Images

François-Joseph Ier, empereur d'Autriche, F. X. Winterhalter

Les soixante-huit années du long règne de François-Joseph coïncident avec la période la plus féconde et la plus brillante, sinon de l'histoire politique, du moins de la civilisation et du mode de vie d'une Autriche enfin dégagée des implications de l'ancien Saint Empire et cherchant ses voies originales. C'est pourquoi, pour beaucoup de ses anciens sujets, son souvenir est assimilé à celui de la « Belle Époque » où, malgré d'indéniables difficultés politiques et d'indiscutables injustices, l'Autriche était riche, prospère et heureuse. Pourtant l'homme n'est pas de ceux qui suscitent l'enthousiasme des foules ; doué d'un physique agréable, affable mais peu affectueux, simple d'abord mais sec de contact, il n'est guère brillant et se compose un personnage d'homme de devoir résolument terne. Il se considère comme le premier serviteur de l'État et son application lui tient lieu de génie. Profondément conservateur, il élève l'immobilisme au rang de philosophie politique et il faut bien avouer que François-Joseph est rarement à la hauteur des circonstances lorsqu'il doit prendre des décisions importantes. En 1848 il a été choisi comme prête-nom par l'aristocratie conservatrice et l'armée, une fois l'ordre peu à peu rétabli par celle-ci dans l'Empire. Au début de son règne, il est soumis à l'influence de sa mère, l'archiduchesse Sophie (une Wittelsbach), et à celle de son Premier ministre, le prince Schwarzenberg, dont l'oeuvre est remarquable. La brutalité de la répression qui s'abat sur la Hongrie en 1849 montre que le jeune souverain a opté pour un système politique discutable mais cohérent : l'absolutisme centralisateur appuyé sur l'armée et la bureaucratie allemande. Pour la première fois de son histoire, la monarchie autrichienne devient un véritable État centralisé, où les notables provinciaux doivent céder le pas devant les fonctionnaires nommés par Vienne. La malheureuse campagne d'Italie de 1859 incite François-Joseph à réfléchir. Sur le champ de bataille de Solferino, il perd d'abord ses illusions sur ses talents de stratège : contrairement aux sages traditions de la Maison d'Autriche, il a pris le commandement de son armée. Or, il ne possède pas les qualités d'un commandant en chef. Mais il perd surtout ses illusions sur l'efficacité du système néo-absolutiste qu'il impose à ses peuples depuis dix ans. Les Hongrois résistent à la germanisation, et la bourgeoisie autrichienne souhaite un régime plus souple.

L'empereur lui-même, dans la mesure où il a des idées, n'a jamais cru au libéralisme. Il est persuadé que les seuls liens unissant les différentes unités de la double monarchie demeurent la dynastie, l'armée et l'Église romaine, mais sa devise « Viribus unitis » montre qu'il ne refuse pas d'associer ses peuples au gouvernement. Jusqu'à la fin de sa vie il collabore loyalement avec un Parlement élu d'abord au suffrage censitaire, puis après 1907 au suffrage universel. Mais c'est seulement en Hongrie que le président du Conseil est l'émanation de la majorité parlementaire. Même après le compromis austro-hongrois de 1867 l'empereur continue en effet à nommer lui-même les membres du cabinet autrichien. La période 1859-1867 est décisive pour l'évolution ultérieure de la monarchie ; François-Joseph en 1860 tente une solution fédérale : le Diplôme constitutionnel, qui accorde une large autonomie aux anciennes provinces ; mais devant l'opposition de la bourgeoisie allemande, de la bureaucratie et de la noblesse hongroise, il revient rapidement, avec la patente de 1861, au gouvernement centralisé. Pourtant la défaite autrichienne à Sadowa en 1866 permet à Bismarck d'éliminer définitivement les [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER. FRANÇOIS-JOSEPH Ier (1830-1916) empereur d'Autriche (1848-1916) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>François-Joseph I<sup>er</sup>, empereur d'Autriche</it>, F. X. Winterhalter - crédits :  Bridgeman Images

François-Joseph Ier, empereur d'Autriche, F. X. Winterhalter

Autres références

  • ANDRÁSSY GYULA comte (1823-1890)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 816 mots

    Homme d'État hongrois né à Košice (Slovaquie), Gyula Andrássy appartient à une vieille famille dont l'idéal fut toujours la défense des libertés nationales. Tout jeune, il se lie avec Kossuth, dont il approuve alors les tendances radicales. Après des études de droit à Pest, il participe à la vie...

  • AUTRICHE

    • Écrit par Roger BAUER, Jean BÉRENGER, Annie DELOBEZ, Universalis, Christophe GAUCHON, Félix KREISSLER, Paul PASTEUR
    • 34 125 mots
    • 21 médias
    ...les Tchèques, en particulier), le Compromis apparut comme un partage de l'État entre l'élément allemand et l'élément hongrois. Ainsi le gouvernement de François-Joseph ne voulut appliquer ni une solution franchement moderne (la solution fédéraliste proposée à Kremsier) ni une solution fondée sur les droits...
  • BACH ALEXANDER baron von (1813-1893)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 384 mots

    Avocat libéral, Alexander von Bach a donné son nom au système répressif mis en place par le gouvernement autrichien après l'échec de la révolution de 1848. Lassé par l'immobilisme des dernières années du gouvernement de Metternich, par les abus de la police et de la censure, Bach, comme beaucoup...

  • PRINTEMPS DES PEUPLES

    • Écrit par Pierre MILZA
    • 1 106 mots
    • 2 médias

    Quinze ans après la flambée d'agitation libérale et nationale qui avait ébranlé l'ordre restauré par les vainqueurs de Napoléon lors du congrès de Vienne (1814-1815), l'Europe connaît, en 1848, une nouvelle poussée de fièvre qui, gagnant de proche en proche toute une partie du continent,...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi