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PUSKAS FERENC (1927-2006)

Le footballeur hongrois Ferenc Puskas, le « Major galopant » aux deux carrières, restera comme un symbole sportif d'une époque déchirée par la guerre froide entre Est et Ouest. De 1950 à 1956, il fut le joyau d'une équipe de Hongrie qui ne concéda qu'une seule défaite – cruelle, puisqu'il s'agissait de la finale de la Coupe du monde en 1954. De 1958 à 1965, il fut l'une des stars du Real Madrid qui domina l'Europe des clubs. Doté d'une frappe du pied gauche surpuissante, d'une technique en mouvement exceptionnelle, d'un sens du démarquage unique, il est considéré comme l'un des maîtres de l'histoire du football. Il fut aussi un homme courageux qui refusa l'oppression et sut braver la fatalité.

Ferenc Puskas naît le 2 avril 1927 à Budapest, dans le quartier pauvre de Kijpest. Enfant, il joue dans le club de son quartier, dont l'entraîneur est son propre père. Il débute en équipe première en 1943. Son talent lui vaut d'être sélectionné en équipe nationale dès l'âge de dix-huit ans. Le régime communiste, conscient des bénéfices que peut lui apporter la réussite d'une équipe de football en termes de propagande, rebaptise le club de Kijpest en Honved Budapest. Celui-ci est désormais le club officiel de l'armée et réunit presque tous les meilleurs joueurs du pays. Jusque-là ajusteur en usine, Puskas devient donc militaire malgré lui, ce qui lui vaudra le surnom de « Major galopant ».

Ferenc Puskas est alors le maître à jouer de l'équipe de Hongrie aux multiples étoiles – Jóseph Bozsik, Zoltán Czibor, Sándor Kocsis, Nándor Hidegkuti... – qui va enchaîner les succès et multiplier les exploits. En 1952, la Hongrie est championne olympique. Le 25 novembre 1953, elle est la première équipe d'Europe continentale à battre l'Angleterre sur son sol, dans son fief de Wembley – une humiliation, 6 buts à 3, dont 2 de Puskas. La revanche, le 23 mai 1954 à Budapest, est plus cruelle encore pour les Anglais, écrasés 7 buts à 1. La division magyare semble donc hors d'atteinte lors de la Coupe du monde 1954. Mais son succès sur la R.F.A. en match de poule (8-3) est une victoire à la Pyrrhus : agressé par Werner Liebrich, blessé, Puskas ne rejouera lors de cette compétition qu'en finale, contre cette même équipe de R.F.A. Toujours diminué, il ouvre néanmoins le score ; cependant, à l'issue d'un des plus improbables scénarios de l'histoire du football, la Hongrie est battue (3-2).

Rebelle-né, protégé par son talent et sa notoriété, Ferenc Puskas n'avait jamais hésité à défier les dirigeants communistes. Quand éclate l'insurrection populaire hongroise en octobre 1956, le Premier ministre Imre Nagy, qui avait tenté d'imposer un socialisme à visage humain et qui redoute désormais le pire, conseille à Puskas de partir en tournée en Europe de l'Ouest avec le Honved Budapest. Le 20 décembre 1956, à Bruxelles, cette magnifique formation dispute un match de Coupe d'Europe face à Bilbao. Le nouveau pouvoir ordonne aux joueurs, qui multipliaient les matchs amicaux pour éviter de rentrer en Hongrie, de regagner leur pays. Puskas n'obtempère pas. Sa carrière « hongroise » s'achève : il a inscrit 83 buts en 84 sélections sous le maillot magyar.

À l'instar du monde occidental qui n'avait pas réagi à l'entrée des chars soviétiques dans Budapest, la F.I.F.A. fait preuve de lâcheté : à la demande de la Fédération hongroise, elle suspend l'exilé pour dix-huit mois. Puskas vit misérablement dans un camp de réfugiés en Autriche, prend du poids et sombre dans l'alcool. Sa déchéance s'achève grâce à Emil Oestreicher, qui fut naguère l'entraîneur du Honved et est désormais directeur technique du Real Madrid. En 1958, il convainc les dirigeants du club [...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. PUSKAS FERENC (1927-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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