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PREOBRAJENSKI EVGUENI ALEXEÏEVITCH (1886-1937)

Né dans une famille de petits fonctionnaires, Preobrajenski connaît, dès le lycée, les cercles d'études marxistes. Militant et bolchevik à dix-huit ans, il participe après 1907 à la lutte clandestine. Arrêté, il intervient lorsque Kerenski, son avocat, qui sera en 1917 chef du gouvernement provisoire, veut le disculper ; envoyé au bagne, il demeure convaincu qu'en manifestant sa conviction devant les juges il a servi la cause de la révolution. Évadé, il fait de la propagande clandestine en Sibérie, puis œuvre aux côtés de Lénine. En 1917, Boukharine et lui s'opposent, avec Lénine, à la politique conciliatrice de Kamenev et de Staline ; en août, avec Boukharine il négocie au congrès d'unification l'entrée de Trotski et de ses partisans ; ils s'opposent déjà à l'idée de Staline de réaliser le socialisme d'abord dans un seul pays.

Lors du VIIe congrès du P.C.U.S., la Russie étant dans l'impossibilité de poursuivre la guerre, Lénine, pour affermir le gouvernement en Russie et pour permettre aux socialistes allemands d'agir, propose d'accepter le diktat allemand et de signer à Brest-Litovsk ; Boukharine et Preobrajenski préconisent une formule de guerre révolutionnaire.

Boukharine et Preobrajenski se voient confier par le Comité central le soin de rédiger un commentaire du programme adopté par le VIIIe congrès du Parti communiste. Rédigé de mars à octobre 1919, L'A.B.C. du communisme expose la doctrine de Marx et tire les leçons des premières étapes de la révolution, notamment de la prise du pouvoir par la jeune république des soviets.

En 1920, lors de la controverse qui s'élève entre Trotski, partisan de la militarisation des syndicats, et Lénine, conscient de la nécessité de leur fonction revendicative, Preobrajenski est du côté de Trotski, avec Boukharine ; la tendance dirigée par Lénine l'emporte, et ses principaux adversaires ne sont pas réélus au Comité central. Cependant, l'urgence des problèmes économiques conduit tous les leaders du communisme russe à œuvrer ensemble pour la N.E.P. Preobrajenski, notamment, défend celle-ci dans Anarchisme et communisme contre l'idée d'un retour au communisme de guerre. Conscient de l'effet que ne vont pas manquer d'avoir les mesures adoptées, il réclame notamment une étude de leurs « implications financières ». Déjà, dans Le Papier-Monnaie à l'époque de la dictature du prolétariat (1920), il a abordé la question de l'économie de transition et celle de la disparition de la monnaie. Avec De la N.E.P. au socialisme (1922), puis La Nouvelle Économique (1925), il analyse les conditions de la transition : la première exigence est d'instaurer un « monopole socialiste » en prélevant sur les ressources consacrées aux salaires et sur les ressources dégagées par le secteur privé ; Preobrajenski désigne ce processus sous le nom de « loi d'accumulation primitive socialiste ».

En 1923, Preobrajenski dénonce, avec Boukharine, les atteintes à la démocratie ouvrière (autoritarisme de Staline, centralisme non démocratique, russification de la Géorgie) ; bientôt, il émet l'hypothèse d'une « dégénérescence de l'État soviétique ». Il se joint à Trotski dans son opposition à l'idée que tout militant doive dénoncer ceux qui refusent la ligne officielle à l'intérieur du parti ; les quarante-six signataires, dont lui, d'une lettre adressée dans ce sens au Comité central sont jugés fractionnistes. Le 28 novembre 1923, Preobrajenski dénonce dans un article de la Pravda le caractère militaire et bureaucratique du parti : cette fois, Boukharine suit Staline, Zinoviev et Kamenev et il dénonce le fractionnisme de l'opposition dirigée par Preobrajenski ; en outre, les deux hommes s'opposent en matière économique. Lors du XV[...]

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    ...dernier coup d'éclat : le 7 novembre 1927, pour le dixième anniversaire de la révolution, des manifestants, avec Zinoviev et Radek à Leningrad, Trotski et Preobrajenski à Moscou, déploient au milieu de la foule des pancartes avec leurs mots d'ordre. Le 14 novembre, Trotski et Zinoviev sont exclus du parti....