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TURNER EVA (1892-1990)

Figure légendaire du chant britannique, Eva Turner fut l'une des premières chanteuses anglaises de l'histoire à s'imposer à l'échelon international. Son nom reste associé au rôle de Turandot, avec lequel elle a fait l'essentiel de sa carrière en Italie. Née à Oldham (Lancashire) le 10 mars 1892, elle prend ses premières leçons de chant à Bristol avec Dan Rootham puis étudie à la Royal Academy of Music de Londres (1911-1915) avec Mary Wilson, Edgardo et Gigia Levy. Elle entre dans la compagnie de Carl Rosa en 1916 et débute dans le rôle du Page de Tannäuser. Puis elle tourne dans toute l'Angleterre abordant des rôles comme Micaëla (Carmen) ou Nedda (Paillasse) En 1920, elle se voit offrir le rôle de Santuzza (Cavalleria rusticana) à Londres et, jusqu'en 1924, devient la principale soprano dramatique de cette compagnie avec laquelle elle chante Tosca, Madame Butterfly, Aïda, Donna Anna, Leonore (Fidelio), Marguerite (Faust) Brunnhilde... Elle travaille avec Albert Richards Broad, qui sera son plus proche conseiller pendant un quart de siècle. En 1924, le chef d'orchestre Ettore Panizza, qui l'avait entendu chanter Madame Buttefly, la recommande à Arturo Toscanini, qui l'engage à la Scala de Milan pour un cycle de la Tétralogie que devait diriger Vittorio Gui. Elle y incarne Freia, Fricka et Sieglinde. Les portes des plus grands théâtres lyriques italiens lui sont désormais ouvertes. Une importante tournée en Allemagne et en Aurtriche effectuée avec une troupe italienne la fait connaître dans les pays d'expression germanique.

En 1926, quelques mois après la création de l'ultime opéra de Puccini, elle reprend le rôle-titre de Turandot au Teatro Grande de Brescia. Un an plus tard, elle chante le même ouvrage au San Carlo de Naples puis, en 1928, à Covent Garden, où elle tiendra les principaux rôles de soprano dramatique jusqu'en 1939, puis en 1947-1948 : Aïda, Amelia (Un bal masqué), Santuzza, Agathe (Le Freischütz), Sieglinde, Isolde... Elle chante alors régulièrement sous la direction de sir Thomas Beecham et de sir John Barbirolli.

Parallèlement. elle poursuit sa carrière en Italie (Vérone, 1929, Rome, 1930...), chante au Teatro Colón de Buenos Aires (première sud-américaine de Fidelio de Beethoven et du Tsar Saltan de Rimski-Korsakov en 1927, puis 1931), à Berlin, Dresde, Francfort, et Vienne (1925-1931), à Chicago (où elle aborde notamment la Comtesse des Noces de Figaro, 1928-1930 et 1938), Boston, Lisbonne (La Fille du Far West de Puccini)...

En 1948, elle quitte la scène pour se consacrer à l'enseignement, d'abord à l'université d'Oklahoma (1950-1959) puis à la Royal Academy of Music de Londres (1959-1966) Elle reçoit en 1962 le titre de Dame of the British Empire. Doctor honoris causa des universités de Manchester (1979) et d'Oxford (1984), elle continue, jusqu'à la fin de sa vie, à prodiguer ses conseils à des chanteurs venus du monde entier la consulter, notamment sa compatriote Gwyneth Jones. Elle meurt à Londres le 16 juin 1990.

La voix d'Eva Turner parvint à sa plénitude au milieu des années 1920. Outre une tessiture très étendue (sol2-ré5), elle possédait un aigu d'une puissance étonnante. Comme la plupart des chanteurs de cette génération, sa diction était irréprochable, quelle que fût la langue dans laquelle elle chantait (elle avait appris l'italien en quelques mois... pour chanter Wagner à la Scala !). Mais elle possédait, en outre, un sens du phrasé et un instinct dramatique qui tranchaient avec la tradition de prouesses vocales qui dominait encore à l'époque de ses débuts.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Alain PÂRIS. TURNER EVA (1892-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )