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ANDRADE EUGÉNIO DE (1923-2005)

Poète portugais. Eugénio de Andrade est l'auteur d'une œuvre lyrique abondante. « Le réel, c'est le mot. » Ce vers pourrait résumer son art poétique fait de concision, de clarté, de transparence et d'harmonie rythmique.

Né le 19 janvier 1923 à Póvoa da Atalaia (Beira Baixa), au nord du Portugal, José Fontinhas de son vrai nom connaît une enfance champêtre, placée sous le signe de l'eau et du soleil. Après la séparation de ses parents, il vit à Castelo Branco, puis à Lisbonne. Installé à Porto à partir de 1950, pour y poursuivre une carrière d'inspecteur des services médico-sociaux, il y meurt le 13 juin 2005.

Encouragé par António Botto, il publie une plaquette, Narciso, à l'âge de seize ans. Adolescente (1942), son premier livre, signé désormais de son pseudonyme, est un hommage à Fernando Pessoa, dont il fut un admirateur. Mais c'est As Mãos e os Frutos (Les Mains et les fruits, 1948) qui inaugure une première étape de son œuvre, dans une tonalité érotique et joyeuse contrastant avec le pessimisme qui marque l'époque de la dictature de Salazar. Une écriture limpide et mélodieuse consacra d'emblée la notoriété du poète, qui ne cessera de s'accroître au fil des publications : Os Amantes sem Dinheiro (1950), As Palavras Interditas (1951), Até amanhã (1956, illustré de dessins de Jean Cocteau), O Coração do Dia (1958), Mar de Setembro (1961), Ostinato Rigore (1964), Obscuro Domínio (1971), Véspera da Água (1973, À l'approche des eaux), Escrita da Terra (1974, Écrits de la terre), Limiar dos Pássaros (1976), Memória Doutro Rio (1978).

En 1976, le poète déclarait à propos de son œuvre : « L'amour de la transparence est ma faiblesse, mais aussi ma force. Ce que je dis ne signifie pas qu'il n'y ait pas en moi, et dans la poésie que j'écris, des zones d'ombre. » Au sommet de celle-ci, trois recueils témoignent d'une alliance intime entre le poème et les choses, la terre, la nature, les êtres vivants. Dans Matéria solar (1980, Matière solaire), il appartient au langage de se montrer garant de l'existence au monde : « Qu'as-tu fait des mots ?/ Quels comptes rendras-tu de ces voyelles/ d'un bleu si paisible ?// Et que leur diras-tu des consonnes/ qui brûlent entre l'éclat/ des oranges et le soleil des chevaux ? »

O Peso da Sombra (1982, Le Poids de l'ombre) et Branco no Branco (1984, Blanc sur blanc) exaltent la lumière, la nuit, les saisons, le corps, le désir, le silence. Dans ces évocations mélancoliques, souvent liées aux souvenirs d'enfance, les éléments sont au cœur de l'inspiration : « Je travaille avec l'amère et fragile/ matière de l'air/ et je sais une chanson pour déjouer la mort,/ errant ainsi je chemine vers la mer. »

La sensualité et l'enthousiasme de cet ensemble font place à la conscience aiguë du temps qui passe et de la fragilité des choses. Le ton est plus intime, plus nostalgique, plus tragique, et les livres se succèdent : Vertentes do Olhar (1987, Versants du regard et autres poèmes en prose), O Outro Nome da Terra (1988, L'Autre Nom de la terre), Contra a Obscuridade (1988), Rente ao Dizer (1992), Ofício de Paciência (1994, Office de la patience), O Sal da Língua (1995, Le Sel de la langue), Pequeno Formato (1997), Os Lugares do Lume (1998, Les Lieux du feu).

En 1992 fut inaugurée, à Foz do Douro, la Fundação Eugénio de Andrade, lieu tout à la fois de travail pour l'écrivain, de conservation de ses manuscrits, et d'édition de ses œuvres. En 2001, année de la publication de son dernier recueil, Os Sulcos da Sede, Eugénio de Andrade reçut le prestigieux prix Camões.

Des écrits en prose (Os Afluentes do Silêncio, 1968 ; Rosto Precário, 1979 ; A Sombra da Memória, 1993), des livres pour enfants et des traductions poétiques complètent une œuvre[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Pour citer cet article

Bernard SESÉ. ANDRADE EUGÉNIO DE (1923-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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