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MOULINIÉ ÉTIENNE (1600 env.-env. 1669)

Musicien français, d'origine languedocienne (Narbonne, Carcassonne ?), qui connut une certaine renommée comme chanteur et comme compositeur. Après avoir chanté à la cathédrale Saint-Just de Narbonne, Moulinié devint maître de musique de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII (de 1629 à 1660). À la mort de son protecteur, il devint maître de musique des états de Languedoc. Il écrivit surtout de la musique profane (quatre livres d'Airs de cour avec la tablature de luth, 1624, 1625, 1629, 1633 ; six autres livres d'Airs de cour, jusqu'en 1639). L'air de cour dont il adopte le style bénéficie de certaines inflexions mélodiques d'origine languedocienne. Après Boesset, il est le premier à employer la basse continue (IIIe livre, 1635 ; puis Airs à quatre et cinq parties avec la basse continue, 1668). Il connaît l'art ultramontain et il a écrit des airs italiens ou bien en a transcrits. L'élément dramatique pénètre peu à peu, avec lui, dans la musique vocale française (Ballet du monde renversé, 1624 ; Ballet de Mademoiselle : les quatre monarchies chrétiennes, 1635 ; airs du Ballet du mariage de Pierre de Provence et de la belle Maguelonne, 1638). Dans ses trois Fantaisies pour violes (1639), assez strictement polyphoniques (fugato), il suit le chemin illustré par Costeley, La Grotte, Du Caurroy, Le Jeune, Nicolas Metru, mais, ici ou là, apparaît le style de l'air. Quant à sa Missa pro defunctis à cinq voix, 1636, elle témoigne de son attachement au style traditionnel sans continuo (cf. Du Caurroy). En revanche, dans les Meslanges de sujets chrétiens, cantiques, litanies et motets de deux à cinq parties avec la basse continue (1658), il utilise les techniques nouvelles relativement peu connues alors en France, notamment la mélodie accompagnée et une écriture harmonique où prédominent le majeur et le mineur sur les anciens modes. Dans les motets, il sait se servir du nouveau style concertant et du double chœur. Moulinié aurait rencontré Molière en 1652 à Carcassonne et participé à ses spectacles. Cette ville s'honore de montrer la maison natale du compositeur, mais aucune preuve ne confirme cette attribution.

Antoine Moulinié, dit l'Aîné, frère d'Étienne, fut un célèbre chanteur (basse-contre) de la musique de la Chambre de Louis XIII, d'Anne d'Autriche et de Louis XIV. Il mourut à Paris en 1655.

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. MOULINIÉ ÉTIENNE (1600 env.-env. 1669) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MOTET

    • Écrit par Roger BLANCHARD
    • 3 044 mots
    En France, à l'époque de Henri IV et de Louis XIII, les motets d' Eustache Du Caurroy, de Guillaume Bouzignac, d'Étienne Moulinié se rattachent à la tradition polyphonique plus ou moins altérée, mais dès la fin du règne de Louis XIII se précise l'esthétique du « motet versaillais »....

Voir aussi