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ESSAIS FLORENTINS, Aby Warburg Fiche de lecture

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L'invention d'une méthode et la foi d'un humaniste

Warburg a révisé la vision idéale de l'Antiquité selon Winckelmann, comme « noble simplicité et calme grandeur ». Pour lui, l'intérêt que les hommes de la Renaissance ont porté à la culture gréco-romaine a concerné tout autant la capacité à maîtriser la gestuelle expressive du corps humain, les « formules de pathos », les croyances superstitieuses dans les « démons » planétaires et astraux et les pratiques irrationnelles autour de la mort et de la mémoire, ce qui explique ses recherches sur les masques mortuaires et les statues de cire habillées des vêtements du donateur ou du défunt (voti) que les Florentins ont consacrées par centaines dans l'église de l'Annonciation. D'où sa conclusion : « Les études sur les religions de l'antiquité gréco-romaine nous enseignent toujours à considérer que l'Antiquité est en quelque sorte symbolisée par un hermès bifrons d'Apollon et Dionysos », autrement dit l'harmonie rationnelle et la démesure passionnelle sont les deux faces d'une même civilisation. De même, la culture italienne du Quattrocento semble à Warburg le moment où coexistent des valeurs et des références très diverses : l'admiration pour la culture de la cour de Bourgogne, avec son faste et ses vestiges d'idéaux chevaleresques, le goût de la représentation miniaturisée d'un monde en pleine expansion dans la peinture flamande, la rigueur mathématique d'un Piero della Francesca, le plaisir pris dans l'auto-contemplation d'une réussite sociale méritée, et les rêves néo-platoniciens d'une conciliation des vérités chrétiennes et du patrimoine culturel légué par l'Antiquité. L'art se situe en effet pour Aby Warburg au confluent de la demande sociale et des traditions et innovations plastiques. Et c'est pour recréer rigoureusement ce « monde de l'art » qu'il faut ouvrir l'histoire de l'art à toutes les autres formes de la pensée et de l'expression humaine, contemporaines des œuvres, y compris aux arcanes de l'astrologie indienne ou arabe. Toute l'œuvre de Warburg est un plaidoyer « en faveur d'un élargissement méthodique des frontières de notre science de l'art dans le domaine de la matière et dans le domaine géographique » pour constituer « une psychologie historique de l'expression humaine qui reste d'ailleurs à écrire ».

— Martine VASSELIN

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

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Pour citer cet article

Martine VASSELIN. ESSAIS FLORENTINS, Aby Warburg - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

<it>Le Printemps</it>, S. Botticelli, détail: Vénus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le Printemps, S. Botticelli, détail: Vénus