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EMMERICK ou EMMERICH ANNA KATHARINA (1774-1824)

« Je me sentis tout de suite comme chez moi ; tout fut compréhensible et sensible autour de moi. » Ainsi Clemens Brentano note l'impression qu'il retire de sa rencontre avec Anna Katharina Emmerick, le 24 septembre 1818. De fait, le poète vagabond vient de trouver son havre pour quelques années. Il va demeurer auprès de la stigmatisée, du printemps 1819 à la mort de celle-ci. L'épisode est moins fortuit qu'il ne paraît : d'Emilie Linder et de Luise Hensel à la Nonne de Dülmen, l'auteur des Romances du rosaire conduit une même lyre — « une rose qui s'est fiancée au ciel » — même si sa conversion le conduit à une réelle défiance à l'égard d'un art qui ne renvoie pas nécessairement à Dieu. Reconnu comme celui qui devait venir par la religieuse, que son « guide » a prévenue et qu'il presse de raconter ce qu'elle voit (« ce que tu pourras redire sera pieusement recueilli... »), le « pèlerin », comme elle l'appelle, se met à l'ouvrage : consigner le récit qu'elle lui fait de ses visions, « méditations de carême d'une dévote religieuse... ». La tâche l'occupe jusqu'à la fin de sa vie. Il édite — anonymement — La Douloureuse Passion de N.S.J.-C. en 1833 : Das bittere Leiden unsres Herrn Jesu Christi. Nach den Betrachtungen der gottseligen Anna Katharina Emmerick, Augustinerin des Klosters Agnetenberg zu Dülmen (gestorbenden 9 Februar 1824) nebst dem Lebensumriss der Begnadigten (trad. franç. E. de Cazalès, 1835). Après sa mort, en 1842, son frère Christian puis à la mort de celui-ci, en 1851, sa belle-sœur travaillent à la Vie de la Vierge (Das Leben der heiligen Jungfrau Maria), qui paraît en 1852 avec la mention : Notes prises par Clemens Brentano. À propos de ces publications, la question s'est tout de suite posée de savoir quelle part en revenait au « secrétaire », « trop peu critique » note Christian Brentano. L'esprit de polémique a soufflé qui n'a pas toujours suscité celui de discernement. Après les travaux de L. Stahl (1909), de H. Cardauns (1916), et principalement, de Winfried Hümpfner (Clemens Brentano Glaubwürdigkeit in seinen Emmerick-Aufzeichnungen, Würtzburg, 1923), la prudence est de rigueur. On ne saurait identifier purement et simplement la relation de Brentano avec le récit d'Emmerick ; telle fut la conclusion de la congrégation des Rites, en 1927. Ce qui ne met en question ni les dons, ni encore moins la sainteté de vie d'Anna Katharina Emmerick (un décret de la congrégation pour la Foi du 16 mai 1973 déclare qu'« une éventuelle reprise du procès de béatification ne sera plus empêchée ») ni l'humilité du labeur auquel s'est astreint Clemens Brentano.

Anna Katharina fit preuve très tôt de dons de clairvoyance. Elle donne même de son baptême une relation surprenante : « Je me sentis avec la pleine conscience de moi-même portée pendant tout le chemin depuis notre chaumière à Flamske jusqu'à l'église paroissiale de Saint-Jacques, à Cöesfeld : je sentais tout et voyais tout autour de moi. » Bien des choses vont lui être montrées au long de sa vie : de l'Ancien et du Nouveau Testament, des saints et de la peine des hommes. À cet extraordinaire « livre d'images », à sa piété, à ses mortifications viennent s'ajouter les phénomènes de la stigmatisation. En 1798, son « fiancé céleste » lui offre de choisir entre une couronne de fleurs et une couronne d'épines : « Je demandai la couronne d'épines, qu'il me mit lui-même sur la tête et que j'enfonçai de mes deux mains sur mon front. Il disparut, et je sentis immédiatement de violentes douleurs autour de la tête. » Elle est admise en 1802 au cloître des augustines d'Agnetenberg, à Dülmen, sur l'intervention de Clara Söntgen, fille d'une riche famille — sa pauvreté y avait jusqu'alors fait obstacle. Ses visions extatiques se développent, mais[...]

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    ...Goethe. À partir de 1818, il vivra exclusivement au service de sa foi catholique : il passe cinq ans à recueillir les visions de la religieuse stigmatisée Anna Katharina Emmerich, et après la mort de celle-ci, en 1824, il occupera le reste de sa vie à la retranscription et à la publication de ces visions....
  • MYSTIQUE

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    ...moment hyperbolique ») ne sont pas identifiables à la structure historique d'où dépend leur forme et leur possibilité même. Ainsi, avec la bergère Catherine Emmerich (1774-1824), tout un langage émerge d'une Westphalie silencieuse, cachée aux hommes de la plume et de l'écrit. Il fascina le poète romantique...