TODD EMMANUEL (1951- )

Emmanuel Todd
Eric Fougere/ VIP Images/ Corbis/ Corbis Entertainment/ Getty Images
Emmanuel Todd
Emmanuel Todd a consacré sa vie à l'analyse des structures familiales, qui lui permettent de…
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Simultanément présenté comme historien, anthropologue ou démographe lors de ses nombreuses interventions dans la presse ou à la télévision depuis le milieu des années 1990, Emmanuel Todd est un chercheur et un intellectuel français né en 1951 à Saint-Germain-en-Laye. Il est le fils du reporter et écrivain Olivier Todd et le petit-fils de Paul Nizan. En poste à l’Institut national d’études démographiques (INED) jusqu'à sa retraite en 2017, il est l’auteur d’une œuvre importante, cohérente malgré la diversité des thèmes qu’il a abordés. Sa production est diversement appréciée par les milieux académiques, l’auteur cherchant délibérément à s’adresser à un large public.
L’analyse des structures familiales
Emmanuel Todd est devenu célèbre pour ses analyses et ses commentaires des résultats électoraux. Il doit d’ailleurs sa reconnaissance médiatique à son analyse du vote protestataire et à l’expression « fracture sociale » – reprise à Marcel Gauchet, elle lui a été attribuée à tort par la presse – et dont Jacques Chirac s’était emparé lors de la campagne présidentielle de 1995. Mais le cœur de ses travaux est centré sur l’histoire des structures familiales, qu’il étudie à l’échelle française, européenne ou mondiale, dans une perspective comparative. Ce thème est toujours présent dans ses commentaires sur la politique contemporaine et sur l’évolution économique de l’Europe et du monde.
La démarche d’Emmanuel Todd repose sur une conviction : l’analyse des structures familiales et de leur influence sur les mentalités permet de comprendre l’évolution des sociétés, et les différentes formes que prennent le processus de modernisation dans le monde et le débat politique (prégnance de certaines idéologies dans tel ou tel pays, préférence de telle région pour l’égalité ou pour l’autorité…). Ainsi, Todd explique le succès de l’idéologie communiste en Russie ou en Chine par la prédominance, dans le monde paysan, de la « famille communautaire » (les frères vivent ensemble, avec leurs femmes et leurs enfants, fréquemment sous l'autorité de leur père). Les capitalismes allemand et japonais, attachés à l’investissement à long terme, doivent leur forme à la prégnance, en Allemagne et au Japon, de la « famille souche » (système inégalitaire où seul un des enfants hérite du père, et vit sous son autorité avec femme et enfants, ce qui préserve le patrimoine familial de génération en génération). Inversement, l’individualisme et le goût du profit rapide caractérisent les pays anglo-saxons où domine la « famille nucléaire » (chaque mariage est à l’origine d’un nouveau foyer indépendant). Il classe ces systèmes familiaux en fonction de deux axes définis par les règles d’héritage (plus ou moins égalitaires) et les habitudes anthropologiques d’organisation familiale (plus ou moins autoritaires).
Emmanuel Todd complète l’analyse des structures familiales par quelques indicateurs simples – ils ont souvent trait à la démographie : taux de fécondité, taux d’alphabétisation… – qui lui permettent de comprendre de nombreux phénomènes contemporains, qu’il s’agisse d’analyser les comportements politiques ou les économies nationales.
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Écrit par
- Fabrice BOUDJAABA : agrégé d'histoire, docteur en histoire, chargé de recherche au C.N.R.S.
- Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
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