ÉLISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN (exposition)

Un regard différent

Les découvertes les plus intéressantes ne sont pas tant les portraits de l’exil (Italie, Autriche, Russie) accrochés au premier étage, que les portraits d’hommes qui sont peut-être la grande révélation de l’exposition. On connaissait le portrait de son ami le peintre Hubert Robert (1788), exposé au Louvre. Celui du comédien Joseph Caillot en costume de chasse (1787) surprend par le fond bleu d’une étonnante modernité. De même, le portrait de Mohammed Dervich Khan (1788), traité de manière monumentale pour exprimer la rencontre avec une civilisation si différente de la sienne.

On peut regretter cependant l’accrochage strictement chronologique et le point de vue un peu lisse de l’exposition, qui donne une image convenue de la portraitiste et passe à côté des problématiques contemporaines portées par les études de genre. Par exemple, l’autoportraitd’Angelika Kauffmann(1787), cette « gloire de notre sexe » comme elle la qualifie dans ses Souvenirs, aurait pu être présenté à côté du sien, peint également pour la collection du duc de Toscane, et de l’autoportrait de David, peint à la même époque. Ce qui aurait permis de s’interroger sur la spécificité de la peinture des femmes, au nom de laquelle le statut discriminatoire qui leur était réservé sous l’Ancien Régime sera renforcé dans le nouveau régime des arts mis en place par les révolutionnaires.

L’image de « l’amie de la reine » qui ressort de la visite aurait pu se nuancer grâce à une problématique comparative et à une attention plus aiguë au contexte politique. Élisabeth Vigée Le Brun perdra son statut d’académicienne sous la Révolution pour la seule raison qu’elle est une « citoyenne passive ».