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SPENSER EDMUND (1552-1599)

Le plus grand poète du xvie siècle anglais fut aussi le plus grand éveilleur de vocations poétiques, des préromantiques à Keats, des préraphaélites au jeune Yeats. Milton a vénéré « le sage et sérieux Spenser », qui avait lui-même vénéré Chaucer : continuité et dissemblance. Entre Les Contes de Cantorbéry et Le Paradis perdu, l'épopée inachevée de La Reine des fées est le plus vaste monument littéraire. Monument surtout visité de nos jours par les érudits, il faut en convenir ; mais les poètes n'ont pas fini de s'y aventurer.

Humaniste et protestant

De condition modeste, Edmund Spenser naquit probablement à Londres et acquit à Cambridge en sept années d'études (1569-1576) une culture humaniste, l'amitié du docte Gabriel Harvey et des convictions protestantes qui firent de lui non pas un puritain, comme certains l'ont dit, mais un antipapiste militant. Ses églogues, Le Calendrier du berger (The Shepheardes Calender, 1579), écrites alors qu'il était au service d'un évêque anglican réformateur, contiennent des attaques virulentes contre les mauvais bergers de l'Église. Protégé par Leicester, il fréquente Sidney et Dyer. La perspective du mariage d'Élisabeth avec un prince catholique lui inspire Le Conte de la mère Hubbard (Mother Hubbards Tale), fabliau satirique qui mécontente Burleigh : sa carrière en souffrit. Entré en 1580 au service de lord Grey, gouverneur de l'Irlande, il écrit en 1586 un Aperçu de l'état actuel de l'Irlande (View of the Present State of Ireland) influencé par Machiavel. Il retourne en Angleterre à deux reprises pour y publier les trois premiers livres de son épopée en 1590, et les trois suivants en 1596. Poète acclamé, courtisan mal récompensé, il en revient deux fois déçu. Il épouse, en 1594, Élisabeth Boyle, à qui s'adressent ses Amoretti (mêlés de sonnets plus anciens) et écrit pour ses noces son propre Épithalame (Epithalamion). En 1598, les rebelles irlandais le chassent du château de Kilcolman ; il revient à Londres où il mourra.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Robert ELLRODT. SPENSER EDMUND (1552-1599) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    De même que Chaucer, par rapport à Boccace, semblait représenter un retour au Moyen Âge, de même Edmund Spenser par rapport à l'Arioste, auquel La Reine des fées (The Faerie Queene, 1590-1596-1609) doit tant. Le poème de Spenser est tout pénétré d'allégories qui se superposent au poème de...

Voir aussi