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DU FU[TOU FOU](712-770)

Un modèle classique

Du Fu est le moins romantique des poètes. Les thèmes dont il s'inspire sont la douceur de la vie de famille, la chaleur de l'amitié et la souffrance des pauvres, et il en tire une émotion profonde. Peu de poètes ont été autant que lui capables de compassion et d'attendrissement. Les critiques ont parfois traité son œuvre d'« histoire poétique », et, de fait, bon nombre de ses poèmes sont une illustration très vivante de son époque : celui, par exemple, qui décrit une fête champêtre, la maîtresse de l'empereur et sa famille dans le parc de Chang'an, ou, encore, les longs poèmes relatant les voyages entrepris, seul ou en famille, dans le pays en guerre.

De son œuvre, il reste plus de 1 450 poèmes, dont plus de mille en vers « codifiés » (lüshi), moins de cinq cents en vers « anciens » (gushi) et une trentaine de morceaux de prose. Si les longs poèmes écrits en vers anciens, le style des ballades populaires, plaisent et sont facilement goûtés, c'est dans la forme plus stricte des vers codifiés, genre assez proche du sonnet européen, que Du Fu excelle et révèle toute sa maîtrise.

Dans certains des derniers poèmes qu'il écrivit dans le style nouveau, il fait preuve, à côté de cette maîtrise technique qui fit de lui le modèle classique de tous les poètes chinois qui lui ont succédé, d'une sensibilité poétique inconnue jusque-là. Il fait un usage polyvalent de l'imagerie qui anticipe une nouvelle forme de poésie qu'on ne trouve qu'un siècle plus tard en Chine et au xixe siècle seulement dans certaines littératures européennes. Malheureusement, il est impossible de rendre en traduction la perfection technique de cette poésie. C'est pourquoi l'admiration que les Chinois portent à Du Fu est incompréhensible pour les lecteurs étrangers.

— David HAWKES

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Écrit par

  • : professeur à l'université d'Oxford (Royaume-Uni)

Classification

Pour citer cet article

David HAWKES. DU FU [TOU FOU] (712-770) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HAN GAN [HAN KAN] (VIIIe s.)

    • Écrit par Pierre RYCKMANS
    • 1 552 mots
    Du Fu, dans un poème où il faisait l'éloge d'un autre célèbre peintre de chevaux, Cao Ba, lequel fut peut-être le maître de Han Gan, dit que Han Gan « ne savait peindre que la chair et non les os, affligeant ainsi les plus fiers coursiers d'une physionomie dépourvue de vitalité ». Ce jugement, dont la...
  • LI BO [LI PO] (701 env.-env. 762)

    • Écrit par Jean-Pierre DIÉNY
    • 2 094 mots
    Une ancienne querelle oppose les admirateurs de Li Bo à ceux de Du Fu, en un débat sans doute plus fondamental que le parallèle entre Corneille et Racine ou entre Goethe et Schiller. Par la diversité de son inspiration, que certains attribuent à l'expérience d'un homme qui aurait tout vu et tout essayé,...

Voir aussi