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DON CARLOS, Friedrich von Schiller Fiche de lecture

Schiller - crédits : Culture Club/ Getty Images

Schiller

Don Carlos, Infant d'Espagne est écrit entre 1783 et 1787. Cette longue période de composition reflète les hésitations de Schiller quant à l'orientation générale et à la forme de sa pièce. Elle est d'abord conçue comme un « drame de famille dans une maison princière », dont le personnage principal est le fils de Philippe II, l'infant d'Espagne don Carlos. Après avoir rédigé un acte en prose, Schiller reprend son drame, cette fois en vers, et met l'accent sur le marquis de Posa, figure du combattant idéaliste, porte-parole de la liberté, prêt à se sacrifier pour la réalisation de ses idées. L'œuvre comporte ainsi deux héros, et son thème principal est le déchirement entre l'aspiration au bonheur privé et l'engagement désintéressé pour une noble cause.

Un drame à la cour d'Espagne

L'action commence en 1568 à Aranjuez, lieu de villégiature de la cour d'Espagne. Don Carlos est amoureux de sa belle-mère, Élisabeth de Valois, autrefois sa fiancée, contrainte d'épouser Philippe II. Il confie son secret à son ami d'enfance, le marquis de Posa, de retour des Pays-Bas en révolte. Posa lui obtient un entretien avec la reine malgré la rigueur de l'étiquette. Cependant, Élisabeth repousse l'amour du prince et lui enjoint de consacrer toutes ses forces au sort des Pays-Bas et de l'Espagne.

Une fois la cour rentrée à Madrid, don Carlos demande à son père de lui confier l'armée des Flandres ; le roi refuse et lui préfère le duc d'Albe, décidé à mener une politique de répression violente. Parallèlement, don Carlos reçoit une lettre qu'il croit être de la reine, mais qui provient en fait de la princesse Eboli, une des dames de compagnie de la souveraine, sur qui le roi a des vues. Don Carlos la repousse. Résolue de se venger, celle-ci fomente une intrigue avec Albe et Domingo, le confesseur du roi, qui redoutent « le venin novateur » de l'infant : il s'agit d'éveiller les soupçons du monarque contre la reine et son fils. Mais Philippe II perce à jour la manœuvre destinée à discréditer son épouse, et il demande à la Providence de lui donner un homme en qui il puisse avoir confiance. Consultant ses tablettes, il tombe sur le nom de Posa.

Convoqué au palais, Posa parle au roi avec une franchise inhabituelle de la part d'un conseiller : le roi doit mettre fin aux massacres dans le Brabant et accorder à ses sujets la liberté de pensée. Philippe II est touché, mais il ne peut se rendre aux arguments du marquis. Il lui conseille seulement de fuir son Inquisition, et le charge de « sonder le cœur de la reine » et de tirer au clair la nature exacte des relations que celle-ci entretient avec l'infant. Posa profite de la faveur du roi à son égard pour, à son tour, monter une machination ; sa cause est juste – il s'agit de blanchir l'infant des soupçons qui pèsent sur lui et de le gagner à la cause des Pays-Bas –, mais Posa a recours aux méthodes qu'il condamne chez ses adversaires. Désireux à la fois de ne pas trahir la confiance du roi et de disculper don Carlos, il s'engage sur une voie dangereuse qui le conduit à sa perte. Naïf, inexpérimenté, jouant de malchance, il ne voit finalement pas d'autres solutions que de faire emprisonner provisoirement l'infant pour le mettre à l'abri de lui-même, et de s'accuser à sa place. Descendu dans la prison pour s'entretenir avec son ami, il est assassiné sur ordre du roi. Par ce sacrifice, Posa espérait que l'infant profiterait de la confusion pour se réfugier au Brabant. Mais don Carlos, désespéré par la mort de son ami, révèle au roi les intentions profondes du marquis : l'amitié l'emporte sur le calcul politique.

Pourtant, don Carlos n'a pas renoncé à la mission dont Posa l'a chargé avant de mourir : il doit, la nuit,[...]

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Écrit par

  • : professeur au département des arts du spectacle à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-la Défense, traducteur, dramaturge

Classification

Média

Schiller - crédits : Culture Club/ Getty Images

Schiller

Autres références

  • SCHILLER FRIEDRICH VON (1759-1805)

    • Écrit par
    • 3 000 mots
    • 1 média
    Schiller s'apprêtait, en commençant son Don Carlos, à pourfendre le despotisme et le fanatisme religieux. C'est un aspect du drame, mais ce n'est pas le seul. Au cours de la rédaction, l'auteur a évolué. La liberté reste son idéal, mais il lui est apparu qu'on ne peut pas soumettre la réalité...