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DOBU

Peuple mélanésien habitant quelques îles volcaniques de l'archipel d'Entrecasteaux, situé au large de la pointe sud-est de la Nouvelle-Guinée et au sud de la région connue sous le nom de Massim. Les familles conjugales, appartenant à des unités villageoises exogames et pratiquant la culture des ignames sur brûlis forestier, résident habituellement un an dans le village de la femme et, l'année suivante, dans celui du mari. Chaque village comprend quelques lignages matrilinéaires ou susu. Les biens, l'emplacement de la maison, le jardin, les plants d'ignames sont hérités de l'oncle maternel. Le susu est l'unité sociale fondamentale ; chaque susu exerce souvent ses droits en coalition avec les autres susu du village, et concurremment avec la relation d'alliance. Le vocabulaire indigène exprime clairement cette dualité en opposant aux « propriétaires » du village, les « étrangers », « ceux-qui-proviennent-du-mariage ». Avec les funérailles, le mariage est la cérémonie qui donne lieu aux échanges les plus complexes et les plus ritualisés entre les membres de deux susu, et plus largement entre les membres « solidaires » de chaque village. Ces échanges sont engagés par des dons de brassards et de colliers de coquillages, deux ornements précieux circulant dans un vaste cycle d'échanges cérémoniels, la kula, auxquels s'adonnent avec passion les insulaires de la région du Massim. Chez les Dobu, la réputation et le prestige sont liés à la possession d'une magie puissante ; récoltes abondantes, succès amoureux, santé florissante en sont les signes. Hommes et femmes pratiquent la sorcellerie. Les accidents et la maladie sont imputés à la sorcellerie féminine qui opère par le rapt de l'esprit de la victime ; les hommes provoquent la maladie et la mort en employant des incantations sur des restes personnels. Les procédés magiques sont extrêmement complexes et diversifiés. Ils consistent généralement à jeter un charme sur un objet ou une propriété pour les protéger du vol, ou sur une personne pour se venger d'une insulte ou recouvrer une dette. Ce charme ne peut être levé que grâce à l'exorcisme dont le sorcier possède la formule ou avec l'aide du devin qui désigne le sorcier et oblige la victime à réparer les torts commis. La magie multiplie, certes, les risques d'agressivité sociale, mais soumet en revanche à la communauté les conflits qui seraient irréductibles au niveau interpersonnel. De même, la pratique de la magie implique à la fois une idéologie égalitaire (avoir une meilleure récolte que les autres, c'est s'attirer leur jalousie et s'exposer à leur sorcellerie) et un désir de prestige personnel qui pousse chacun à employer sa magie contre les autres et à se protéger de la leur en pratiquant constamment une contre-magie.

Au début du xxie siècle, les Dobu étaient environ dix mille, et leurs langue parlée par environ cent mille personnes.

— Joël DUSUZEAU

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