PODALYDÈS DENIS (1963- )

Un comédien protéiforme

En quelques chiffres, depuis quatre décennies, la carrière de Denis Podalydès compte, au théâtre, près de soixante-dix rôles à la Comédie-Française et quarante autres sur des scènes diverses, ainsi que plus de vingt mises en scènes ; au cinéma, plus de cent longs-métrages ; vingt-cinq téléfilms, une douzaine de courts-métrages et une quinzaine d’audiolivres. Dans le film Tromperie (2021), duo avec Léa Seydoux, Podalydès incarne Philip, à la fois Philip Roth (auteur du roman) et Arnaud Desplechin (réalisateur du film), caractère complexe, propre, semble-t-il, à tout écrivain ou cinéaste, mais aussi à tout homme. Or, dans les films de son frère, Denis Podalydès apparaît avec autant d’aisance comme le Français moyen d’une vulgarité bonhomme, pas très futé et plus ou moins débrouillard (selon les cas), avec toujours le même visage dont ne varient – à peine – que les expressions.

En réalité, cet immense comédien se garde de cultiver un tempérament bien à lui qu’il exprimerait parfois dans quelques rôles spectaculaires, et c’est précisément parce qu’il ne veut être personne hors scène et studio qu’il s’y révèle éblouissant de puissance et de vérité. Là, il peut être tout le monde et notamment les plus grands personnages du théâtre et du cinéma, aussi bien Cyrano de Bergerac qu’Harpagon (L’Avare), fort justement ses plus beaux succès parmi les classiques de l’art dramatique. Le comédien ne se montre d’ailleurs jamais meilleur qu’en dialogue. Il a besoin qu’on lui donne la réplique dans un duel victorieux de mots avant de pouvoir imposer sa voix, indéfinissable et inimitable parce que travaillée au point d’être justement dépourvue de tout caractère spécifique. Du grand art !