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LEVINE DAVID (1926-2009)

L' art de l'Américain David Levine, né en 1926 à New York, est marqué, dans sa technique comme dans son esprit, par le xixe siècle. La caricature telle qu'il la pratique est directement issue de la manière d'André Gill, de Traviès et de Léandre. Ses personnages sont, pour la plupart, des portraits en charge de têtes énormes reposant sur de petits corps écrasés. Le personnage se définit parfois par un objet (Hemingway tient un fusil qui symbolise son activité de chasseur) ; la tête peut reposer sur un corps métaphorique (Colette sur un corps de chatte). Il illustre les pages de quotidiens comme le Washington Post ou le New York Times et réalise quelques couvertures de magazines pour le Time, Newsweek, le New Yorker et Rolling Stone. Levine ne borne pas son activité à des personnages de l'actualité politique tels que Richard Nixon, Lyndon Johnson, Yasser Arafat ou Ariel Sharon. Albert Einstein, Samuel Beckett et Jacques Derrida font également partie de sa galerie de portraits. Sa collaboration de 1963 à 2007 à la New York Review of Books le contraint évidemment à tenir compte des réimpressions et des essais sur des auteurs du passé tels que Tchekhov ou Henry James.

Ce n'est pas seulement dans sa conception du portrait en charge que Levine se montre un homme imprégné de passé, mais également dans sa technique « au trait » directement inspirée de la gravure sur bois. Les traits parallèles ou croisés, plus ou moins rapprochés, remplacent les demi-teintes des parties ombrées. Les techniques modernes de reproduction ne justifient pas ce recours à une manière qui est ici purement stylistique.

Dans des propos tenus à un reporter de la revue The American Artist, David Levine définit sa méthode de travail : « Ce que je tente de faire, c'est de trouver des caractéristiques contradictoires. Lyndon Johnson, par exemple, a un regard triste alors qu'il sourit. » Cette recherche de l'unité du portrait par la mise en évidence de la contradiction propre à chacun de ses modèles est certainement ce qui donne à la caricature de David Levine un caractère unique malgré son esthétique périmée.

Parallèlement à son activité de caricaturiste, David Levine poursuit une œuvre de portraitiste et de peintre de « scènes de genre ». Il est fasciné par le phénomène des loisirs dans la civilisation américaine. Des toiles et aquarelles, comme Passion at Coney (1970, Coney Island est le parc d'attractions de New York), Cyclon (1973), qui représente les pentes vertigineuses d'un toboggan, ou Undressing Publicly (1976), témoignent du regard attentif que David Levine jette sur le monde qui l'entoure. C'est un homme qui croit à la mission sociale de l'artiste.

— Marc THIVOLET

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Marc THIVOLET. LEVINE DAVID (1926-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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