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DARK WATERS (T. Haynes)

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Au plus près du réel

Toujours soucieux de réalisme pour ses drames familiaux ou sociaux, Todd Haynes accepta l'offre et tint beaucoup à tourner sur les lieux mêmes de cette enquête, en compagnie de Robert Bilott et de son épouse Sarah Barlage. En outre, profitant de la présence de l'avocat, il ne cessa de s'informer auprès de lui de ses divers faits et gestes de l'époque afin de diriger Mark Ruffalo, qui interprétait son rôle, de la manière la plus juste possible. La reproduction de l'enquête fut méticuleuse, conduite tant par Edward Lachman, le chef-opérateur attitré du cinéaste depuis Loin du paradis, par Christopher Peterson, son chef costumier, dont le souci d'authenticité l'amena à faire porter à Anne Hathaway les propres vêtements de Sarah Barlage Bilott, que par sa fidèle productrice, Christine Vachon, qui a soutenu tous ses projets depuis ses débuts. Haynes et sa chef décoratrice Hannah Beachler ont également porté une grande attention aux décors, tous réels, en particulier ceux des bureaux du cabinet Taft à Cincinnati, dont les nombreux recoins et couloirs sinueux offraient des angles et cadrages très pertinents pour créer une atmosphère lourde et angoissante. Ne restait plus au monteur Affonso Gonçalves (déjà collaborateur de Haynes pour sa mini-série Mildred Pierce en 2011, puis pour Carol et Le Musée des merveilles) qu'à donner un rythme nerveux à l'ensemble, afin de n'accorder aucun répit au spectateur.

L'interprétation, comme toujours chez Haynes, est magistrale. Mark Ruffalo dans le rôle du lanceur d'alerte, Anne Hathaway dans celui de sa femme et Tim Robbins en patron de l'avocat sont tous très convaincants dans ce film, qui s'inscrit judicieusement dans la lignée des productions hollywoodiennes rendant hommage à l'individualisme pugnace des redresseurs de torts. Sorti timidement dans quatre salles aux États-Unis, le film a obtenu de très bonnes critiques et s'est vu finalement accorder une sortie nationale. Situé en 130e position du box-office américain de 2019 (sur un ensemble de 908 films) et ayant rapporté près de vingt millions de dollars à l'échelle mondiale, Dark Waters, s’il n’est pas un triomphe financier, s'impose non seulement comme l'un des meilleurs films de l'année écoulée mais aussi comme l'un des plus utiles, à la manière des grandes réussites du genre, Les Hommes du président (All the President's Men, Alan J. Pakula, 1976), Le Mystère Silkwood(Silkwood, Mike Nichols, 1983) ou encore Révélations (The Insider, Michael Mann, 1999). Auteur pourtant très idiosyncratique, Todd Haynes se révèle ici un parfait scrutateur des tares de son pays.

— Michel CIEUTAT

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Écrit par

  • : enseignant-chercheur retraité de l'université de Strasbourg

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Pour citer cet article

Michel CIEUTAT. DARK WATERS (T. Haynes) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/05/2020

Média

<em>Dark Waters</em>, T. Haynes - crédits : Mary Cybulsk/ Focus Features/ Kobal/ REX/ Aurimages

Dark Waters, T. Haynes