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DAMES CHINOISES

Dans la famille des jeux de pions, les dames chinoises ont ceci de paradoxal que ce jeu n'est ni une variante des dames ni, autant que l'on sache, un jeu chinois. Son appellation est sans doute à porter au crédit d'un inventeur américain qui déposa, vers 1930, le nom Chinese Checkers pour un jeu qui était clairement une adaptation du halma, au point que les deux jeux sont souvent associés sur les deux faces d'un même plateau.

Plateau et position de départ - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plateau et position de départ

Les dames chinoises se présentent sur un tablier en étoile à six branches dont les cases sont matérialisées par des trous dans lesquels on déplace des pions en forme de billes ou de fiches. Il y a au total cent vingt et une cases, dont soixante et une pour la partie centrale (hexagonale) et soixante réparties dans les six branches de l'étoile. Soixante billes ou fiches, différenciées selon six couleurs (10 rouges, 10 jaunes, 10 noires, 10 vertes, 10 blanches et 10 bleues), sont disponibles. Chaque joueur prend dix billes et les installe sur une des branches de l'étoile déterminée en fonction du nombre de joueurs. Comme il y a six branches, on peut jouer jusqu'à six. Dans ce cas, les soixante pions sont en jeu. On peut aussi jouer à quatre, à trois ou à deux. Les branches utilisées pour un nombre restreint de joueurs sont indiquées par rapport au diagramme : à quatre, on occupe les branches 1, 2, 4 et 5 ; à trois, les branches 1, 3 et 5 ; à deux, les branches 1 et 4. Toutefois, à deux et à trois, les joueurs peuvent disposer de plusieurs branches : à deux, les branches 1, 2 et 6 s'opposeront aux branches 3, 4 et 5 ; à trois, chacun prendra une paire de branches mitoyennes. On peut aussi former des équipes.

Il n'y a pas de capture aux dames chinoises. Le but du jeu est de faire traverser le tablier à toutes ses billes afin de gagner la branche opposée en utilisant les cases libres. C'est pourquoi cette famille de jeux est appelée « jeux de course ». À tour de rôle, les joueurs déplacent un pion soit sur la case libre immédiatement à côté (dans l'une des six directions possibles, au choix), soit en sautant par-dessus un ou plusieurs pions voisins, adverses ou non, à condition qu'il y ait toujours une case vide entre chacun. Ces sauts multiples permettent d'avancer très vite et donc de se rapprocher du but. Pour gagner, un joueur doit avoir placé tous ses pions sur la branche opposée à la sienne, ce qui suppose que celle-ci ait été libérée entièrement.

Ces règles classiques ont été jugées un peu lentes et plusieurs initiatives ont été prises pour accélérer le jeu. Ainsi, une joueuse française, Joëlle Flesselle, a eu l'idée, vers 1980, de proposer une variante qui a fait depuis son chemin, celle du « grand bond ». Cette disposition autorise un pion à sauter plusieurs cases à la fois en respectant les règles suivantes : sauter au-dessus d'un seul pion et laisser autant de cases vides avant qu'après (règle de la symétrie).

En Chine, où les dames chinoises sont fort populaires sous le nom de tiaoqi (« jeu de pions avec sauts »), une autre forme de « grand bond » a été adoptée : on peut sauter par-dessus une chaîne de pions, quel qu'en soit le nombre, à condition qu'il y ait une case vide à la fin ; on peut même réaliser des sauts multiples chaque fois qu'une case vide se trouve entre les groupes de pions.

L'origine des dames chinoises reste un objet de débat : le principe de la « course » semble avoir été popularisé à la fin du xixe siècle par le jeu de halma dont les dames chinoises paraissent dériver. Toutefois, on observe que de tels jeux sont traditionnels en Asie centrale – tel le bajr mongol – et en Corée, il est vrai dans une version élémentaire nommée o-bad-gono (« jeu de pions à cinq cases »). La popularité du tiaoqi en Chine aurait-elle des racines régionales ?

— Thierry DEPAULIS[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

Classification

Pour citer cet article

Thierry DEPAULIS. DAMES CHINOISES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Plateau et position de départ - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plateau et position de départ

Autres références

  • DAMES JEU DE

    • Écrit par Thierry DEPAULIS
    • 1 843 mots
    • 2 médias

    Bien injustement considéré comme une version simplifiée des échecs, le jeu de dames représente en fait la forme classique et pure d'un jeu d'affrontement sur tablier orthonormé, où deux joueurs s'opposent en cherchant à capturer les pions de l'autre jusqu'à rendre impossible tout mouvement. Cette simplicité...

Voir aussi