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KOURO-ARAXE CULTURE DE

Culture énéolithique du ~ IIIe millénaire, qui doit son nom à son aire de dispersion que limitent au nord la Koura et au sud l'Araxe, fleuves de la Transcaucasie centrale qui se jettent dans la mer Caspienne. La culture de Kouro-Araxe a été définie à la veille de la Seconde Guerre mondiale par l'archéologue soviétique B. A. Kouftine, d'après les résultats des fouilles faites en 1936-1938 en Arménie à Chengavit, près d'Erevan. Il s'agit d'une culture d'éleveurs et d'agriculteurs dont subsistent peu de sépultures, mais un grand nombre d'établissements situés sur des monticules dans les régions montagneuses ou sur des hauteurs en plaines (tépé). Les demeures, plus ou moins quadrangulaires, ont des fondations de pierres appareillées à joint vif, sur lesquelles étaient montés des murs en blocs de terre cuite. Le mobilier, outre des outils de pierre et d'os (fusaïoles ou haches, pilons ou meules, aiguilles ou alènes), est surtout riche en poteries. Celles-ci ont une surface lustrée, grise ou noire, parfois rouge ; leurs formes (jarres ou pots) sont assez variées, mais leurs anses hémisphériques sont presque toujours du même type. Le décor se compose d'éléments géométriques (cercles, spirales, zigzags ou jeux linéaires de parallèles). Les objets en métal sont rares : on a trouvé quelques armes et outils très frustes en cuivre, en plomb ou en argent, et des moules. Un élément caractéristique de cette culture est le foyer mobile en terre cuite, à corps circulaire, avec, à l'intérieur, des parois en éperons, et à fond reposant sur de petits supports mobiles parfois zoomorphes.

Le faciès de cette culture énéolithique, dont de nombreux sites ont été découverts tant en Arménie qu'en Géorgie (Beshtasheni) et en Azerbaïdjan (Mingetchaur), n'est pas propre aux terres que séparent la Koura et l'Araxe. On trouve les mêmes éléments dans la culture de Maïkop (seconde moitié du ~IVe millénaire-~IIIe millénaire)dans l'ouest du Caucase septentrional, dans les cultures de l'est du Caucase septentrional et dans celles de l'Anatolie orientale. En attendant l'étude plus poussée de l'énéolithique de la Géorgie occidentale, on peut admettre l'existence d'un grand ensemble assez homogène de cultures caucasiennes et transcaucasiennes, des confins de la Mésopotamie aux steppes méridionales de la Russie orientale. Cette grande aire, dont la culture de Kouro-Araxe est un centre privilégié, peut être considérée comme le foyer originel dont les premières manifestations dateraient du ~ IVe millénaire et qui, par des différenciations linguistiques successives et des influx ethniques répétés, a donné naissance à la mosaïque actuelle des peuples de cette région ; d'où la grande importance qu'attachent à l'étude de cette culture les archéologues, les linguistes et les ethnologues.

— Vadime ELISSEEFF

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Vadime ELISSEEFF. KOURO-ARAXE CULTURE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GÉORGIE

    • Écrit par Christophe CHICLET, Universalis, Régis GAYRAUD, David Marshall LANG, Kalistrat SALIA
    • 15 746 mots
    • 6 médias
    C'est en Géorgie qu'apparut l'un des premiers foyers métallurgiques. La culture kouro-araxe (IIIe millénaire av. J.-C.) se caractérise par un bronze constitué d'un mélange habilement dosé de cuivre et d'alliages divers. Cette culture florissante, tant en Géorgie qu'en Arménie, créa une poterie originale,...

Voir aussi