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CUIRASSIER

À l'origine désigne un cavalier portant cuirasse. La première application officielle du nom de cuirassier dans l'armée française date de 1665 : création du régiment de cuirassiers du roi, « régiment no 7 » de la cavalerie dite alors légère depuis la suppression de l'armure, remplacée par la cuirasse. Ce régiment devient, en 1791, le « numéro 8 » des régiments de grosse cavalerie, mais demeure le seul, depuis le règne de Louis XIV, à porter cuirasse et le nom de cuirassier. Pendant les guerres de la Révolution, ce régiment combat encore en cuirasse. C'est Napoléon qui développe considérablement les cuirassiers, en faisant porter cuirasse, à partir de 1802, à sept autres régiments de cavalerie. En 1804, un arrêté crée l'arme des cuirassiers, composée de douze régiments dont l'uniforme est ainsi réglé : habit bleu, parements, revers, collets, liserés écarlates et casque qui remplace le chapeau à la française. Napoléon transforme également leur armement, en remplaçant la carabine, inutilisable, par le mousqueton qui doit permettre à des cavaliers de mieux riposter à des attaques de partisans ou de troupes légères. En fait, c'est avec leur sabre que combattent les cuirassiers. Choisis parmi les hommes de haute stature, montant de grands chevaux, ils constituent une arme de choc — la grosse cavalerie — et chargent en rangs serrés, de toute la vitesse de leurs montures, balayant tout sur leur passage et crevant le dispositif adverse au moment décisif (Austerlitz, Eckmühl, la Moskowa, par exemple).

À la seconde Restauration, toute l'armée est licenciée, la cavalerie (dont les cuirassiers) étant l'arme dont les éléments sont dispersés avec le plus grand soin. Sont alors reconstitués six nouveaux régiments de cuirassiers de ligne et deux de la garde royale. Ils adoptent, en 1825, le casque avec crinière montée en brosse, en 1828 le pantalon garance.

En 1870, sur soixante-trois régiments de cavalerie, on compte dix régiments de cuirassiers de ligne et deux de la garde impériale. La guerre de 1870 voit les dernières grandes charges, héroïques et inutiles, des cuirassiers français : le 6 août, la 9e brigade (8e et 9e cuirassiers) se fait décimer en chargeant à travers les rues de Morsbronn ; peu après, le même sort est réservé à la division de Bonnemeins (1er, 2e, 3e et 4e cuirassiers) à Froeschwiller, Mac-Mahon dira le lendemain : « Les cuirassiers ? Il n'en reste plus... »

Pourtant la IIIe République reconstitue un corps de douze puis de treize régiments de cuirassiers. On les arme, à partir de 1891, de la carabine « modèle 1890 », dont la crosse a une disposition spéciale pour permettre le tir avec la cuirasse. Mais ils ne trouvent pas d'emploi pendant les opérations de la guerre de 1914-1918, qui est essentiellement une guerre de tranchées. Aussi voit-on les cuirassiers fournir six régiments de cuirassiers à pied.

Entre les deux guerres mondiales, huit sur douze des régiments de cuirassiers sont dissous. Quand la cavalerie abandonne progressivement le cheval pour le blindé, les régiments de cuirassiers, gardant leur vocation d'arme de choc, deviennent des régiments de chars. Ainsi, lorsque se mettent sur pied, en Afrique du Nord, en 1943-1944, des divisions françaises dotées de matériels américains, les 1er, 2e et 12e cuirassiers sont reconstitués, équipés de chars moyens et intégrés dans les 5e, 1re et 2e divisions blindées, qui combattront en 1944-1945 de la Provence ou de la Normandie jusqu'au cœur de l'Allemagne.

Actuellement, les régiments de cuirassiers, tous régiments de chars lourds, constituent des unités organiques du corps de bataille.

— Jean DELMAS

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Écrit par

  • : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre

Classification

Pour citer cet article

Jean DELMAS. CUIRASSIER [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CARABINIER

    • Écrit par André DAUBARD
    • 112 mots

    Les carabiniers, d'abord tireurs d'élite des compagnies de garde et des régiments de cavalerie sous Louis XIV, furent regroupés en 1691 en « brigade des carabiniers ». Ces soldats, destinés au combat à pied et à cheval, étaient armés du sabre, du pistolet et de la carabine munie d'une...

Voir aussi