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MALINES CONVERSATIONS DE

Série d'entretiens qui se déroulèrent de 1921 à 1926 entre des anglicans et des catholiques et qui, malgré leur échec, illustrent l'histoire de l'œcuménisme.

L'ébranlement intellectuel et moral provoqué par la Première Guerre mondiale a accéléré le rapprochement entre les Églises chrétiennes : le mouvement œcuménique apparaît ; orthodoxes et anglicans lancent des appels à l'unité ; Benoît XV et Pie XI prolongent la politique unioniste de Léon XIII. Lord Halifax et Fernand Portal jugent le climat favorable à la reprise des contacts entre anglicans et catholiques, interrompus depuis l'échec de la « campagne » des ordinations anglicanes (1896) ; en octobre 1920, ils demandent au cardinal Mercier, archevêque de Malines et grande figure de la catholicité, d'abriter les conférences mixtes dont ils ont toujours rêvé sans pouvoir les réaliser. Déjà sollicité par ailleurs, Mercier accepte.

De décembre 1921 à mai 1925, quatre « conversations » se déroulent à l'archevêché de Malines. Du côté catholique siègent, outre Mercier et Portal, très favorables, Mgr Van Roey, vicaire général du cardinal, et, à partir de 1923, les deux historiens de l'Église ancienne, H. Hemmer et P. Batiffol, plus réservés. Du côté anglican, lord Halifax recrute A. Robinson et W. H. Frere, bientôt flanqués de B. J. Kidd et C. Gore, moins enthousiastes. La leçon de 1896 a porté : le débat s'engage d'emblée sur la question centrale de la primauté pontificale et du pouvoir des évêques ; lors de la quatrième rencontre, en 1925, la lecture par le cardinal Mercier du mémoire de dom Beauduin, L'Église anglicane unie, non absorbée, qui s'efforce de transposer en Occident le modèle de l'uniatisme, ne réussit pas à faire sortir la discussion de l'ornière.

À l'extérieur, les nuages s'amoncellent et le scénario de la première « campagne anglo-romaine » se reproduit presque point par point : le précédent de la fin du xixe siècle dicte son rôle à chacun des protagonistes. L'archevêque de Canterbury, R. Davidson, n'est pas plus décidé que son prédécesseur Benson à engager officiellement sa communion dans l'affaire ; non invité, averti tardivement et médiocrement, le catholicisme anglais se cabre et le cardinal Bourne finit par adopter, en 1925, l'attitude hostile de son prédécesseur Vaughan en 1894-1896 ; à Rome, il y a toujours deux camps : Gasparri (qui remplace Rampolla) est favorable, mais il retrouve en face de lui Merry del Val et tous ceux qui réprouvent les audaces de Mercier ou son refus d'inviter aux conversations des personnalités romaines ; Pie XI, à l'instar de Léon XIII, accorde, puis retire son appui.

Vivement attaquées et mal soutenues, engagées dans l'impasse théologique, les conversations s'enlisent : après la mort de Mercier et de Portal, les survivants se réunissent une dernière fois, en octobre 1926, pour faire le bilan. Malgré les efforts de lord Halifax, Rome, par la suite, n'autorisera pas la reprise.

— Étienne FOUILLOUX

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Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lyon-II-Louis-Lumière

Classification

Pour citer cet article

Étienne FOUILLOUX. MALINES CONVERSATIONS DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MERCIER DÉSIRÉ JOSEPH (1851-1926)

    • Écrit par Étienne FOUILLOUX
    • 670 mots

    Archevêque de Malines, l'un des promoteurs du renouveau thomiste dès la fin du xixe siècle, ainsi que du mouvement œcuménique, notamment avec les « Conversations de Malines ». Né à Braine-l'Alleud, gros bourg du Brabant belge, dans une famille catholique aisée, Désiré Joseph Mercier, très...