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SAINTE-GENEVIÈVE CONGRÉGATION DE

Congrégation de chanoines réguliers qui se constitua au xviie siècle autour de l'abbaye Sainte-Geneviève de Paris. Les chanoines réguliers avaient connu au Moyen Âge de remarquables réussites, mais, après la crise de la Réforme protestante et les vicissitudes des guerres de religion, leurs abbayes avaient besoin d'une réorganisation et d'une adaptation aux besoins du temps. Le renouveau partit de l'abbaye Saint-Vincent de Senlis avec l'appui de l'évêque local, le cardinal François de La Rochefoucauld.

Devenu abbé commendataire de Sainte-Genevière de Paris en 1619, celui-ci imposa en 1621 un règlement qui rétablissait la discipline. Soutenu par le pape et par le roi, il tenta d'unir les abbayes de chanoines réguliers de la région parisienne. L'union faisait perdre leur indépendance à des abbayes au passé glorieux. Si elle laissait leurs revenus aux abbés commendataires, elle bouleversait les habitudes des anciens chanoines réguliers. Elle finit par triompher grâce à l'énergie de quelques chanoines décidés à pratiquer une rigoureuse observance. C'est parmi eux qu'on choisit, à partir de 1634, les premiers supérieurs généraux, Faure (mort en 1644), Boulart (mort en 1667) et Blanchart (mort en 1675). Élus pour trois ans, mais rééligibles, ils furent maintenus en fonction assez longtemps pour fixer l'observance et obtenir le ralliement des abbayes et prieurés. La Congrégation de France ou de Sainte-Geneviève compta cent six maisons en France, réparties en quatre provinces.

La principale activité des chanoines réguliers de Sainte-Geneviève consista à s'occuper du millier de paroisses qui appartenaient à la Congrégation. Ils eurent aussi des collèges. Les études avaient été bien organisées et, sous l'impulsion de savants de valeur, la bibliothèque de l'abbaye Sainte-Geneviève devint l'une des meilleures de Paris. Elle comprenait des cabinets d'antiquités et d'histoire naturelle qui jouissaient aussi d'une grande réputation. Les bâtiments anciens désaffectés existent encore ; les livres constituent le remarquable fonds ancien de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

La nouvelle église de Sainte-Geneviève, dont la Révolution fit le Panthéon, reste comme un signe du prestige et de l'adaptation à leur époque des chanoines réguliers de la Congrégation de France. Cependant, le jansénisme produisit parmi eux de grands remous. Leurs savants travaux frappaient beaucoup le public ; mais ils n'avaient pas la solidité de ceux des bénédictins de Saint-Maur. Lors de la Révolution, de nombreux chanoines se sécularisèrent. La Congrégation de Sainte-Geneviève était trop exactement conçue en fonction de la société de l'Ancien Régime pour survivre à l'écroulement de ce dernier ; nul ne fit la moindre tentative pour la restaurer.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. SAINTE-GENEVIÈVE CONGRÉGATION DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GENEVIÈVE sainte (420 env.-env. 502)

    • Écrit par Jacques DUBOIS
    • 588 mots

    À la fin du xixe et au début du xxe siècle, plusieurs historiens érudits ont étudié la vie de sainte Geneviève et se sont violemment affrontés au sujet de sa valeur historique. La transmission du texte est très difficile, il y a au moins trois recensions dont les rapports sont mal établis. Cependant,...