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CATHERINE DE GÊNES sainte (1447-1510)

En 1551 paraissait à Florence le livre intitulé Vita mirabile e dottrina santa della Beata Caterina de Genova, dont les chartreux de Bourg-Fontaine donnaient la traduction française en 1598. Ce Corpus catharinianum, qui devait être postérieurement divisé (la Vie, le Dialogue spirituel, le Traité du Purgatoire) et qui fut publié plus de quarante ans après la mort de Catherine, ne va pas, comme il en est pour beaucoup d'œuvres mystiques, sans soulever quelques difficultés, principalement celle qui a trait aux différentes « mains » qui ont pu intervenir dans la rédaction : le confesseur de Catherine, Cataneo Marabotto, ou ses disciples spirituels, notamment Ettore Vernazza ou Vernaccia (cf. F. von Hügel, The Mystical Element of Religion in St. Catherine of Genoa and Her Friends, 2 vol., Londres, 1908 ; Umile Da Genova : « L'Opus catharinianum et ses auteurs », in Revue d'ascétique et de mystique, oct. 1935). Des vingt-sept années précédant la « conversion » de Catherine en 1473, les premiers biographes relatent peu de chose. Descendante des Fieschi, Catherine était indubitablement de noble origine : elle en fait en quelque sorte les frais lorsque sa famille se sert d'elle pour une politique de réconciliation entre guelfes (dont elle était) et gibelins, en la mariant à seize ans (1463) avec un Adorno. Union qui, par la misère morale, conduit en une dizaine d'années Julien et Catherine Adorno à la misère matérielle. C'est alors qu'elle lance cette prière dans une église proche de chez elle : « Saint Benoît, priez Dieu qu'il me tienne trois mois au lit, malade. » Par là, elle redevenait d'une certaine façon celle qui à huit ans avait « l'inspiration de faire pénitence », à douze recevait « le don d'oraison », à treize voulait rejoindre au couvent sa sœur Limbania. Le 22 mars 1473, c'était l'épreuve de Dieu-Amour, vouée à l'inexprimable. Tout soudain, Catherine fait table rase d'elle-même : « Plus de monde, plus de péché. » Pour son corps, elle ne veut pas avoir plus d'égards que s'il s'agissait du démon : elle multiplie les pénitences, soutenue par la communion quotidienne. Elle brûle d'amour : « Parfois elle essayait de mettre un feu matériel de chandelle ou de charbon sur la chair nue de son bras ; elle se brûlait et voyait extérieurement brûler sa chair, mais elle ne sentait pas la violence du feu extérieur parce qu'étaient plus grandes la vertu et la force du feu intérieur. » Seule avec Dieu, mais qui lui rappelle le commandement d'aimer son prochain : « Quand bien même tu serais en train de me parler, tu quitteras tout, tu te rendras promptement vers la personne qui réclamera ton assistance... » Dès lors, elle va vers l'indigence, et la plus déplaisante, au point que, pour dompter sa répulsion, parfois elle se force à avaler pus et vermines. Avec l'aide de son mari, qui fait retour à la religion — sans que cela change son « naturel quelque peu étrange » —, elle se voue à l'œuvre de l'hôpital Pammatome : en tant que servante d'abord, puis, à partir de 1490, comme responsable de la section des femmes. Elle tient les comptes et s'en acquitte fort bien ; de même, elle aura grand soin — alors qu'elle atteint la sainte indifférence pour toute créature — de ses testaments pour régler des affaires matérielles (trois testaments et trois codicilles en douze ans). En 1493, la peste se déclare à Gênes. Catherine rencontre alors Ettore Vernazza qui se dévoue à combattre l'épidémie. L'année 1497 marque un tournant : Julien Adorno meurt, ce dont elle reçoit consolation (« Mon doux Amour m'a certifié de son salut ») ; puis, Dieu lui donne « un prêtre qui eut le soin de son âme et de son corps, homme spirituel et de sainte vie », don Cataneo Marabotto. Ce dernier la persuade, non sans quelques difficultés, de raconter ses expériences : « Je dois m'adresser à vous et vous faire connaître mon âme tout entière. Mais cet acte est si nouveau pour moi, que je ne vois pas la conduite que j'ai à tenir. » La confession[...]

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Pour citer cet article

Gilbert GIANNONI. CATHERINE DE GÊNES sainte (1447-1510) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PURGATOIRE

    • Écrit par François TRÉMOLIÈRES
    • 867 mots

    Il prolonge l'ambivalence du sentiment de la mort dans la tradition catholique. Apparue avec le péché, contre le dessein du Créateur, la mort est une malédiction (Rom., v, 12) ; mais le Christ, vainqueur à la fois du péché (par la Rédemption) et de la mort (par la Résurrection), a transformé...

Voir aussi