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SPITZWEG CARL (1808-1885)

Peintre munichois, Spitzweg est célèbre par ses minuscules tableaux, où la postérité s'est plu à retrouver les images du « bon vieux temps ». Bien que son talent de dessinateur se soit manifesté très tôt, il commença par embrasser la carrière de pharmacien. Ses études terminées, les loisirs d'une cure nécessitée par une longue maladie lui firent reprendre le crayon. À peu près autodidacte, il se forme surtout en copiant à la Pinacothèque de Munich les tableaux des petits maîtres hollandais. En 1839, son tableau aujourd'hui célèbre du Pauvre poète (Nouvelle Pinacothèque, Munich) est refusé sans explications par le jury du Kunstverein, association artistique fondée une douzaine d'années auparavant afin de soutenir contre l'Académie les peintres de genre et de paysages. Spitzweg refusera dorénavant de participer à des expositions dans sa ville. Il y mènera, même une fois la célébrité venue, l'existence tranquille d'un petit bourgeois, peignant, rimant dans le dialecte local, livrant des caricatures aux revues. Quelques voyages lui permettent cependant de faire à Prague la connaissance des peintres de genre tchèques et d'étudier à Paris et à Londres les paysagistes anglais et les peintres de Barbizon. Ces contacts ont une influence heureuse sur son art, qui évolue d'un faire lisse et froid à une riche et savoureuse orchestration de touches de couleurs dont il semble au moins en partie redevable à l'exemple de Diaz et à celui de Decamps, auquel il emprunte ses sujets turcs. Spitzweg est toujours resté fidèle aux petits formats ; ce sont pour la plupart des scènes de genre où les personnages n'occupent qu'une place réduite dans le paysage ou le décor. Parfois simplement pittoresques ou sentimentaux (comme les multiples versions de la Sérénade), ses tableaux se teintent souvent d'un humour fait d'ironie légère ou d'observation amusée (L'Éternel Prétendant, Le Rat de bibliothèque, Monsieur le curé amateur de cactus), mais contiennent parfois une forte dose de critique sociale (Seigneur et jeune paysanne) ou d'anticléricalisme sarcastique (Le Corbeau, Nouvelle Pinacothèque, Munich), Spitzweg ayant appartenu aux milieux libéraux — et francophiles — de la capitale bavaroise.

— Pierre VAISSE

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

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Pierre VAISSE. SPITZWEG CARL (1808-1885) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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